Région taïga

​Parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton

La région forestière de la taïga se compose de halliers, de landes rocailleuses et de grandes tourbières humides, à plus de 400 mètres d'altitude. Le parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton protège près de 75 % de la taïga de l'écosystème du nord du Cap-Breton.

Des terres désolées, mais fort belles

La végétation naine de cette région forestière se compare aux forêts de transition du nord du Canada, à dominante de conifères. La déformation des arbres est imputable à une courte saison de croissance, au verglas et à la poudrerie, aux températures extrêmes et aux sols minces. Les épinettes noires rabougries représentent bien la taïga et sont souvent bien plus âgées qu'elles n'y paraissent. On a recensé des sujets vieux de 150 ans, mais ne mesurant pas plus d'un mètre de haut. Dans les landes rocailleuses, les végétaux les plus courants sont les lichens à caribous, le bleuet et le kalmia à feuilles étroites. Dans les tourbières, on trouve la mousse brune, la linaigrette, les joncs, les petits orchis, l'airelle, le lédon du Groenland et quelques plantes insectivores comme le rossolis et la sarracénie pourpre.

L'orignal, l'ours noir et quelques autres mammifères fréquentent la taïga. Ils viennent s'y nourrir, surtout pendant les mois les plus chauds de l'année. Des oiseaux la fréquentent également et s'y reproduisent. C'est le cas de la grive de Bicknell et du grand chevalier. Compte tenu de ses eaux stagnantes, la taïga est avant tout un paradis pour les insectes et d'autres invertébrés.

La taïga : fille du feu, captive du climat

Il se peut qu'un incendie de forêt, à la fin des années 1700 ou plus tôt, soit la cause de la taïga dans lee nord du Cap-Breton. Selon cette hypothèse, la forêt boréale s'étirait jusqu'au sommet du plateau et les landes étaient couvertes de sapins baumiers. Puis, le vaste incendie aurait détruit tous les arbres et la forêt boréale n'aurait pu se régénérer en raison du climat rigoureux et de l'infertilité relative des sols. La végétation capable de survivre dans ces conditions en est une de toundra et d'arbres nains, qui donnent lieu à la taïga actuelle.

De loin, à voir les halliers et le tapis végétal de la taïga, le terrain paraît parfaitement plat, mais en y marchant, on se rend bien compte que le terrain est inégal, fait de bosses et de creux. La couverture de neige et le vent déterminent la hauteur des buissons et des arbres, puisque la neige protège la végétation contre les rigueurs du vent en hiver. En règle générale, les pousses qui dépassent de la couverture de neige cassent et meurent sous les coups de boutoir du vent et du verglas. Le climat joue le rôle d'un jardinier et rabat naturellement les buissons et les arbres. Dans certains secteurs, le jardinier a si bien travaillé que les épinettes noires et sapins baumiers rampent littéralement au sol. On donne le nom de « krummholz » à ces sujets rampants.

Dans d'autres secteurs de la taïga, les vents dominants modifient la croissance normale des végétaux, créant des sujets désaxés. Les pousses meurent ou se tordent du côté de l'arbre directement exposé au vent froid, tandis que les pousses du côté opposé résistent bien et poussent sans trop de dommages.

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