Tortue des bois

Parc national Kouchibouguac

Tortue des bois (Glyptemys insculpta)
Nom Mi’gmaq (tortue) : Mikjikj
Statut LEP : Menacée

Déjà présente à l’époque des dinosaures, il y a environ 175 millions d’années, la tortue des bois était autrefois abondante au sud-est du Canada et au nord-est des États-Unis. Chez les Peuples autochtones, la tortue (ou Mikjikj, en Mi’gmaq) a toujours occupé une grande importance. Selon leur mythologie, elle représente la Terre-Mère puisque c’est sur son dos qu’a été créée la grande île de l’Amérique du Nord. Étant un symbole de sagesse, longévité et persévérance, la tortue est grandement valorisée et respectée chez les Peuples autochtones depuis des millénaires.

Une tortue sur un rocher
Une tortue des bois
Photo : Jory Mullen

La tortue des bois est un reptile omnivore et semi-aquatique qui vit toute l’année dans le bassin versant de rivières et de cours d’eau sains et sinueux, comme ceux que l’on trouve à l’intérieur et autour des limites du parc. Le cycle de vie et le taux de reproduction de l’espèce dépendent fortement de la connectivité des différents habitats qu’elle visite au cours de sa saison active, tels que les bosquets d’aulnes riverains, les forêts décidues et mixtes, les boisés ouverts, les tourbières, les champs et même les étangs de castor.

La tortue des bois a une carapace qui tire sur le brun grisâtre à jaune. Celle-ci se distingue par ses écailles (scutelles) qui sont munies d’anneaux de croissance annuelle bombés en forme concentrique pyramidale. La partie ventrale de la carapace (plastron) est composée d’écailles jaunes munies de taches noires. Généralement, la tortue des bois a la peau de couleur brune sauf celle qui se trouve sur son cou et la partie supérieure de ses jambes qui est plutôt de teinte jaune, orange ou rougeâtre.

Malheureusement, les populations de ce reptile ont rapidement décliné à la fin du 20e siècle et aujourd’hui, la tortue des bois se classe parmi la liste d’espèces menacées d’extinction. Les facteurs principaux qui ont mené à son déclin sont les mortalités routières, la hausse du nombre de prédateurs naturels, l’utilisation d’instruments aratoires en agriculture, la perte d’habitat causé par le développement industriel et urbain en plus du braconnage pour le marché noir des animaux domestiques.

Habitats

Une bébé tortue sortant de son oeuf
Une tortue des bois
Photo : Jory Mullen

La tortue des bois habite le bassin versant de rivières et ruisseaux sinueux dont le fond contient un substrat de sable ou de gravier sableux et dont l’eau est de bonne qualité. Lors de sa période d’activité (c.-à-d. lorsqu’elle n’hiberne pas), la tortue des bois fréquente divers habitats de son écosystème dont les bosquets d’aulnes riverains, les forêts décidues et mixtes, les boisés ouverts, les tourbières, les champs et même les étangs de castor.

Menaces

Mortalités routières

De nos jours, l’habitat naturel de la tortue des bois se fait de plus en plus rare et la construction d’autoroutes est un des facteurs contribuant au problème. Puisque les femelles sont souvent obligées de traverser les autoroutes pour se rendre à leur site de ponte, cela accroît le risque de mortalités routières. De plus, les bordures de routes sont souvent exposées au soleil et composées de gravier ou de sable ce qui fait en sorte que les femelles choisissent parfois ces endroits précaires comme aire de nidification, les mettant en danger en plus de leur progéniture.

Prédation favorisée par les activités humaines

En plus de détériorer et fragmenter l’habitat naturel de la tortue des bois, le développement urbain entraîne d’autres risques qui menacent la survie de l’espèce. En effet, l’urbanisation fait accroître de façon artificielle le taux de prédateurs naturels de la tortue des bois, dont le renard roux, le raton laveur, la moufette, la corneille, les chiens domestiques et le coyote. Ceux-ci peuvent se nourrir des œufs de tortue, des juvéniles et même des adultes.

Prélèvement illégal

Étant une espèce qui se déplace lentement, la tortue des bois est à risque d’être prélevée de son environnement et gardée en captivité comme animal de compagnie. Puisque la tortue des bois atteint la maturité sexuelle tard dans sa vie, le prélèvement d’adultes a un impact significatif sur le déclin de sa population. De nos jours, il est illégal de prélever toute espèce de tortue indigène du Canada, incluant leurs œufs.

Cycle de vie

  1. Période d’éveil
    Vers la mi-avril, la tortue des bois se réveille de sa période d’hibernation et passe une bonne partie de ses journées à se chauffer au soleil, le long des berges. Affamée, elle passe aussi beaucoup de temps à se nourrir, surtout dans les bosquets d’aulnes.
  2. Période d’accouplement
    La tortue des bois peut s’accoupler tout au long de sa période d’activité, mais généralement, cela se produit au printemps ou à l’automne. Au printemps, les femelles peuvent pondre jusqu’à 20 œufs, la moyenne étant de 8 à 12 œufs.
  3. Une tortue dans un lac
    Une tortue des bois
    Photo : Jory Mullen
  4. Période de nidification
    Dès la fin mai allant jusqu’au début juillet, les femelles peuvent franchir plus de 2 km pour se rendre à leur site de ponte. Puisque l’exposition au soleil et la chaleur sont essentielles pour l’incubation des oeufs, les nids sont souvent creusés sur les plages et les berges sablonneuses le long des rivières. Malheureusement, les femelles choisissent parfois de nicher le long des bordures de routes puisque ces endroits sont souvent exposés au soleil et composés de gravier/sable, plaçant ainsi les femelles et leur progéniture dans une situation précaire.
  5. Période d’éclosion
    Dès la fin août allant jusqu’au début septembre (c.-à-d. de 10 à 12 semaines suivant la ponte), les oeufs éclosent.
  6. Période d’hibernation
    Pour ne pas geler, la tortue des bois passe l’hiver seule, ou en groupe, enfouie dans des gîtes d’hibernation que l’on nomme « hibernacula ». Ces sites d’enfouissement peuvent se situer dans la boue, sous une rive en surplomb ou au fond d’un cours d’eau bien oxygénée.

En 2015 et 2016, quatre passages écologiques ont été installés sous une section clé de la route principale du parc (la route 117) afin de réduire le nombre de collisions entre les véhicules et la faune. Un système de clôture a également été installé pour relier les passages et guider les animaux qui voyagent ou qui migrent vers ces passages fauniques. Ces passages souterrains aident à maintenir l'interconnexion de divers habitats et sont bénéfiques non seulement pour les tortues, mais également pour les amphibiens et les mammifères de petite à moyenne taille. Pour plus d’information, visitez notre page web sur la réhabilitation de la route 117.

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