Culture et histoire

Parc national Ivvavik

  • Histoire préeuropéenne
    Artefact du parc national Ivvavik
    Artefact du parc national Ivvavik
    © Parcs Canada / Brian Johnston

    L'Alaska et le nord du Yukon sont habités depuis au moins 12 000 ans. Il semble que des humains y vivaient peut-être il y a déjà 30 000 ans en raison de l'existence d'un refuge non glacié appelé Béringie. Ce refuge s'étendait vers l'est et couvrait au moins la moitié d'Ivvavik où l'on a retrouvé le long de la rivière Firth des pointes de projectiles datant de 8 000 ans et des lieux de chasse au bison.

    Il y a 3 000 à 5 000 ans, les peuples de l'Alaska commencent à émigrer vers l'est lorsque l'Arctique se libère et que les glaciers reculent. Dans l'Arctique de l'Est, ils établissent une série de groupes culturels distincts de leurs contemporains en Alaska. La côte du Yukon jusqu'au fleuve Mackenzie devient un lieu d'interaction, de divergence et de séparation de ces divers groupes. Des archéologues ont découvert les vestiges de nombreuses cultures distinctes ayant voyagé dans tout le nord du Yukon. De nombreux endroits à Ivvavik marquent le passage de ces peuples originaux et leur utilisation du territoire. Les vestiges se trouvent exclusivement le long des grandes rivières, ce qui confirme leur dépendance envers le caribou et d'autres animaux de l'intérieur des terres.

    La migration la plus récente commence en Alaska il y a environ 1 100 ans et porte le nom de « Thulé ». En très peu de temps, ils se dispersent dans l'Arctique, supplantant ou assimilant les habitants. Bien qu'importante pour la région, l'érosion côtière sur le littoral du Yukon efface la plupart des traces de leur passage. Vers le treizième siècle, les Thulé le long de la mer de Beaufort commencent à pêcher au filet et à chasser le bélouga en kayak de façon communautaire. Ces adaptations sont les traits principaux qui définissent l'évolution régionale du mode de vie de leurs descendants, les Inuit du Mackenzie ou les Inuvialuit.

    Le littoral constitue pour les Inuvialuit une source inépuisable de bois flotté qui leur permet de créer un style d'habitation bien particulier : rondins, étage surélevé pour vivre et dormir, passage d'entrée abaissé et couverture de terre. L'érosion côtière emporte la plupart de ces maisons. À l'intérieur des terres, leurs vestiges culturels, tout comme ceux de leurs ancêtres, montrent une dépendance envers le caribou. Un campement peut être défini uniquement par un petit cercle de pierres qui tenaient les bords d'une tente en peau. Un tas de roches peut indiquer un ancien lieu de chasse. Les caches en pierres protègeaint les carcasses contre les détritivores en attendant qu'on consomme la viande. Une ligne de rochers bien droits servait peut-être de « clôture » pour diriger les caribous vers les chasseurs.

  • Contact avec les Européens

    Lorsque les Européens commencent à arriver dans l'Arctique de l'Ouest il y a deux siècles, deux groupes principaux d'Autochtones y vivent : les Inuvialuit (ou Inuit du Mackenzie) et les Gwich'in. C'est Alexander Mackenzie qui consigne les premières observations sur les Inuvialuit en 1789. Lorsque la carte de la côte est établie, quelque 2 500 Inuit du Mackenzie vivent entre ce qui est maintenant l'Alaska et Cape Bathurst, dans les Territoires du Nord-Ouest. Les Gwich'in étaient un peuple Déné qui vivait dans les forêts boréales bien au sud de la mer de Beaufort. C'est également Alexander Mackenzie qui les a rencontrés pour la première fois et ils faisaient partie intégrante de la traite des fourrures en agissant comme intermédiaires pour les Inuit du Mackenzie. Ils se déplacaient parfois jusqu'à la côte afin d'échanger des marchandises avec les Inuvialuit et empruntaient périodiquement la rivière Firth supérieure pour chasser le caribou et pêcher le Dolly Varden et l'ombre.

  • Le vingtième siècle

    L'économie mondiale fait son apparition sur le littoral de la mer de Beaufort au début des années 1880 avec l'arrivée des baleiniers américains qui exercent leurs activités depuis l'île Herschel jusqu'au début des années 1900. Les Inuvialuit de la région jouent un rôle dans ce commerce mais les baleiniers recherchent les talents de chasseurs de caribou de leurs cousins de l'Alaska, les Nunatamiut, chasseurs de l'intérieur de l'Inupiat, qui émigrent donc dans la région. Une série de maladies au début du siècle décime les Inuit du Mackenzie mais les mariages avec les Nunatamiut renforcent leur nombre.

    Vestiges d'une hutte de terre
    Vestiges d'une hutte de terre
    © Parcs Canada / Karsten Heuer

    Au début du siècle, les commerçants de fourrures établissent des postes de traite à la lagune Clarence et sur l'île Herschel. La traite des précieuses peaux de renard entraîne la création d'une série de petits villages le long du littoral et la construction des types bien particuliers de cabanes en bois rond qu'on y trouve aujourd'hui. L'effondrement de la traite, suivi par la guerre froide des années 1950, change à tout jamais le mode de vie des Inuvialuit. L'armée américaine construit la première station du Réseau avancé de pré-alerte ( RAPA ) dans le nord à la plage Komakuk. On construit plus tard deux autres stations dans le nord du Yukon, à la pointe Stokes et à la pointe Shingle.

    Au début des années 1960, les communautés modernes et le travail à salaire ont remplacé la vie toute-saison sur la terre. On pratique encore la chasse, le piégeage, la pêche et la pêche à la baleine sur la côte. Les Inuvialuit continuent de se rendre par bateau ou motoneige en Alaska pour rendre visite à des amis ou des parents. L'île Herschel, un parc territorial du Yukon, est un lieu important de repos pour ces voyageurs. Les vestiges de campements, de tombes, de huttes de terre et de maisons en bois rond à Qaininqvik (lagune Clarence), la flèche Nunaluk, Qirqialuq (baie Ptarmigan), Iqpiqyuuq (pointe Stokes) et Niaqulik (pointe Head) témoignent tous de l'importance de la côte d'Ivvavik dans la vie des Inuvialuit.

    La rivière Firth fait l'objet d'une petite ruée vers l'or à la fin des années 1940. On y jalonne quelque 200 claims mais on n'y exploite qu'un placer au ruisseau Sheep, de 1979 à 1986. Le placer est alors acheté par Parcs Canada. Les piquets de claims, les caches, les campements, les puits d'exploration et le matériel abandonnés sont autant de témoins de cette époque dans toute la vallée de la rivière Firth.

    L'exploration pétrolière et gazière dans les années 1970 et 1980 représente les activités industrielles les plus récentes sur le versant nord. On peut encore voir les profils sismiques qui sillonnent la plaine côtière. La mer de Beaufort et la Réserve faunique nationale de l'Arctique en Alaska contiennent des réserves de pétrole. Leur mise en valeur aurait une incidence négative sur l'intégrité environnementale de cette région remarquable. On ne doit pas oublier la vision : « La terre subviendra aux besoins de ceux qui la protègent. » Parcs Canada respectera la sagesse des Inuvialuit et s'efforcera avec eux de protéger ce patrimoine bien particulier pour les générations futures.

Date de modification :