Géologie

Parc national et lieu historique national Kejimkujik

Parc national et lieu historique national Kejimkujik

Kejimkujik se situe dans la partie méridionale des hautes-terres de la Nouvelle-Écosse. C'est une région plane et dépourvue des escarpements, des montagnes et des vallées qu'on trouve ailleurs dans la province. Toutefois, le parc renferme certaines manifestations du passage des glaciers 

On remarque aisément de gros blocs de granite, formant parfois des champs complets, des drumlins ainsi que des eskers, longs et sinueux. Les kames et les plaines d'épandage fluvio-glaciaire sont toutefois moins visibles et plutôt difficiles d'accès. Les nombreux lacs peu profonds qui ont résulté du passage des glaciers et les rivières qui les relient entre eux font du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse le paradis des canoteurs de la province.

L'assise rocheuse

La plupart des configurations physiques du parc sont le résultat direct de la dernière période glaciaire qui a débuté voilà 100 000 à 80 000 ans. Les glaciers ont créé les drumlins, les lacs peu profonds, les ruisseaux, les rivières et les blocs de granite. Le type de roche-mère qui se trouvait sous les glaciers a en grande partie déterminé les conséquences de leur passage. Ainsi, la plupart des configurations imputables aux glaciers se trouvent dans les secteurs où la roche-mère était constituée d'ardoise tendre et érodable.

L’assise rocheuse de Kejimkujik est constituée de quartzite qui s’est formé à partir du Précambrien jusqu’à la période de l’Ordovicien. À cela s’ajoutent de l'ardoise et du granit provenant du Dévonien. Toutes ces roches, mais en particulier le quartzite, possèdent une haute teneur en silice et ne fournissent que très peu d'éléments nutritifs aux sols qui se développent au-dessus d’eux. L'ardoise, cependant, est une pierre à grain fin et produit un sol limoneux qui apporte des éléments nutritifs plus rapidement que les loams sableux et les sables gras se trouvant au-dessus de roches à grains grossiers. La plupart des loams d’ardoise se trouvent autour du lac Kejimkujik. Le sable et le gravier entourent le lac à sa partie ouest. Ailleurs, le paysage est dominé par des sols caillouteux composés de granit peu profond et de quartzite. 

Géologie glaciaire

Les drumlins

 

Vue du lac Kejimkujik avec drumlinVue du lac Kejimkujik avec drumlin 
© Parcs Canada/P. Hope

 

Les drumlins sont des collines allongées à surface lisse dont l'extrémité faisant face au mouvement du glacier est obtuse et dotée d'une pente raide, et dont l'autre extrémité présente une pente douce. Tous les drumlins du parc sont orientés vers le sud-est, ce qui laisse croire que la poussée la plus forte des glaces s'est faite du nord-ouest vers le sud-est. Les drumlins sont le résultat d'une accumulation de matériau d'érosion déposée sous le glacier et convertie ensuite en une forme typique et allongée par le passage de la masse de glace. .

Blocs erratiques

 

Erratique au lac KejimkujikErratique au lac Kejimkujik 
© Parcs Canada/P. Hope

Les douces collines de l’intérieur de la Nouvelle-Écosse représentent bien les plaines de la côte Atlantique, une terre de roches métamorphiques plissées, polies et striées par le recul des glaciers qui a exposé la pierre et les sols peu profonds en laissant derrière des blocs erratiques de granite qui ont voyagé avec la migration des glaces et qui sont restés sur place après la fonte. Ces blocs sont éparpillés à Kejimkujik; vous pourrez les remarquer le long des lacs et des sentiers.

Eskers

Les eskers sont de longues crêtes sinueuses formées par le dépôt de matériaux dans un tunnel de glace sculpté par les eaux de fonte à la base d'un glacier. De longs eskers sont présents le long de la partie nord de Kejimkujik et sont aussi présents près de la rivière West.

Les bassins des lacs

Le sol de Kejimkujik est constitué de deux principaux types de roches : un terrain granitique et un terrain sédimentaire composé d'ardoise et de quartzite. Le paysage de granit apparaît de manière surélevée tandis que les zones sédimentaires sont plus basses et apparaissent sans dénivellation. La glaciation a arraché les sols anciens et a facilement creusé l’assise rocheuse érodée pour former des bassins lacustres. Aujourd'hui, les nombreux lacs dont la glace s'est retirée représentent environ 15 pour cent de la superficie du parc.

Kejimkujik Bord de Mer

Kejimkujik Bord de mer © Parcs Canada/P. Hope

Ses kilomètres de côte à nu font de Kejimkujik Bord de mer un endroit idéal pour les visiteurs passionnés de géologie.

La géologie ancienne

Bandes de mica en granit Bandes de mica en granit
© Parcs Canada/P. Hope

La roche qui forme Kejimkujik Bord de mer est très semblable à celle que l'on trouve dans la région intérieure de Kejimkujik. Du granit blanc et du quartzite zèbrent les promontoires et alimentent les plages graveleuses et rocheuses. Le granit provient d'un phénomène géologique important qui a façonné l'ouest de la Nouvelle Écosse. Ce phénomène, connu aujourd'hui sous le nom de batholite de North Mountain, a été l’apparition d’une énorme bulle de magma, jaillie du centre de la Terre. Ce magma a envahi les roches existantes, en s’immisçant dans leurs fissures ou dans leurs parties fragiles, en les chauffant et en les faisant fondre.

Des veines linéaires Des veines linéaires
© Parcs Canada/J. Brownlie

La chaleur intense dégagée par le magma a entraîné la métamorphose du grès et du schiste en quartzite et en grauwacke. Des veines linéaires, des filons intrusifs et des filons-couches strient les roches plus anciennes dans lesquelles le magma a suivi les fissures et les fractures. Sur les promontoires, des veines et des filons intrusifs de granit sont visibles entre les couches de quartzite et de grauwacke métamorphiques plus foncées. Au contact de ce granit fondu, les roches métamorphiques se sont transformées de nombreuses façons intéressantes et visibles. 

Les plus anciennes roches de grauwacke et de quartzite métamorphiques remontent au Cambrien, soit à 550 millions d'années. Le granit, quant à lui, date du Carbonifère; autrement dit, il est vieux de 352 millions d'années.

La période glaciaire

Erratique au sentier Harbour Rocks Erratique au sentier Harbour Rocks
© Parcs Canada/P. Hope

La période glaciaire a également laissé son empreinte sur Kejimkujik Bord de mer. La glace s'est retirée de la région il y a environ 13 000 ans, soit près de 2 000 ans avant de disparaître aussi des terres intérieures de Kejimkujik. À certains endroits, les glaciers ont poli le substratum rocheux, au fur et à mesure de leur descente. Des milliers de gros blocs erratiques, amenés sur place par la fonte des glaciers, se dressent au milieu des marais et des landes. Le plus souvent, le sol de cette terre n'est qu'une fine couche de till, composée d'un mélange de sable, de roche et de gravier déposé par les glaciers, qui est pauvre en substances nutritives. La présence de couches de terre plus épaisses détermine l’endroit où vont croître des forêts, car les arbres poussent mieux sur du till plus profond et mieux drainé.

Pendant la glaciation, les niveaux de la mer étaient inférieurs à leurs niveaux actuels. La plupart de l'eau de la planète avait disparue, transformée en glace. Le Bord de mer comprend d'ailleurs des preuves visibles d'une baisse spectaculaire du niveau de la mer. Promenez-vous le long du littoral à Harbour Rocks et vous verrez des vases tourbeuses, des souches d'arbres fossilisées sur les plages ainsi que des couches de terre sur des éperons rocheux ou des îlots. Ces éléments ne sont habituellement présents que dans les terres intérieures, où la matière nécessaire à la croissance de la végétation peut s'accumuler lentement. Le sol ne peut se former là où déferlent les vagues d'eau salée, qui ravinent tout sur leur passage. Les arbres ne poussent donc pas sur les plages. En fait, les souches fossilisées datent peut-être de plusieurs milliers d'années et ont été conservées dans les profondeurs du sol. L'histoire postglaciaire de Kejimkujik Bord de mer peut être considérée comme un empiètement continu de la mer sur la terre. Il n’y a pas si longtemps, les îles côtières, comme l'île Little Hope étaient végétalisées et on y trouvait quelques petites fermes. Tout indique que sur la côte sud de la Nouvelle-Écosse le niveau de la mer continue de monter, au rythme de 30 centimètres par siècle. Ajoutez à cela l'élévation du niveau de l'océan provoquée par le réchauffement climatique et il y a fort à parier que le littoral du Bord de mer va continuer de se transformer.

 

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