Projets de recherche de Parcs Canada

Les ours dans les parcs nationaux des montagnes

Suivre leurs moindres déplacements
Aider les ours à faire de bons choix
Fuir le danger
Feu, ours et baies
Sur la clôture
Enfermés dehors


Suivre leurs moindres déplacements

Suivi des déplacements des grizzlis grâce à des colliers GPS

Parcs Canada et Chemin de fer Canadien Pacifique

De 2010 à 2015, les chercheurs ont fait un suivi constant de 11 à 13 grizzlis porteurs de colliers GPS. Les données recueillies leur ont permis de découvrir où, quand et, à l’occasion, pourquoi les ours fréquentent le couloir de la voie ferrée.

Grizzli pendant et après une immobilisation. 

Les chercheurs de Parcs Canada ont pu évaluer à quelle fréquence les ours traversaient la voie ferrée et la route. Cette carte montre les déplacements de l’ours no 122 pendant une période d’un mois.

Cette carte montre les déplacements de l’ours no 122 pendant une période d’un mois.

En examinant les données obtenues, les chercheurs ont pu cerner les secteurs de la voie ferrée que fréquentaient les grizzlis et les zones où les risques de collisions ferroviaires étaient les plus élevés. Ces résultats aident les spécialistes de Parcs Canada à déterminer où ils doivent améliorer les sentiers tracés par la faune et comment ils peuvent mettre à profit les brûlages dirigés et l’éclaircie des forêts pour dissuader les grizzlis d’accéder aux secteurs les plus risqués de l’emprise ferroviaire.

Le saviez-vous?

Dans les Rocheuses canadiennes, les oursons grizzlis restent avec leur mère pendant une période relativement longue. En moyenne, les femelles mettent trois ans à enseigner à leurs petits tout ce qu’ils doivent savoir. Maman montre à ses oursons comment faire pour trouver les meilleures sources de nourriture à différentes périodes de l’année. Elle leur enseigne aussi à se déplacer constamment pour trouver leur prochain repas.

Grizzli femelle avec sa jeune © Parcs Canada / Alan Dibb


Aider les ours à faire de bons choix

Améliorer les sentiers tracés par la faune pour atténuer les risques de collisions dans les zones les plus risquées du couloir de transport dans le parc national Banff

Ian Pengelly et David Hamer

Les chercheurs se sont demandé s’ils pouvaient réduire les risques de collisions grizzlis-trains en améliorant les corridors de déplacement qui se trouvent à l’écart de la voie ferrée.

En se servant de données historiques et de données GPS, les chercheurs ont repéré les secteurs où les risques de collisions ferroviaires étaient les plus élevés.

Le projet consistait à améliorer, aux environs de Banff, certains sentiers où les risques de collisions ferroviaires étaient élevés, afin de procurer aux ours des corridors de rechange sûrs qui les amèneraient à se tenir loin de la voie ferrée. Les chercheurs ont enlevé des broussailles, ébranché des arbres et dégagé des tracés au râteau pour améliorer les sentiers de la forêt. Ils ont ensuite surveillé les grizzlis pour vérifier s’ils empruntaient ces corridors de déplacement.

Ours sur un sentier

Les chercheurs ont enregistré la présence de grizzlis et d’ours noirs sur les sentiers améliorés. Les résultats préliminaires sont prometteurs et donnent à penser qu’il pourrait s’agir d’une stratégie d’atténuation utile. Cependant, il faudra poursuivre les travaux de surveillance pour voir si les ours empruntent systématiquement ces sentiers. Nous savons que les grizzlis conservent dans leur cerveau des cartes de l’ensemble des sentiers de leur domaine vital et qu’ils empruntent régulièrement ces corridors de déplacement. Les ours peuvent mettre des années à adopter un nouveau corridor de déplacement dans leur territoire.

Parcs Canada s’emploie à délimiter d’autres tronçons de la voie ferrée où les risques de collisions sont élevés et où des corridors fauniques de rechange pourraient être aménagés. Nous continuerons d’utiliser des appareils photo actionnés par le mouvement pour voir si les grizzlis intègrent les nouveaux sentiers à leur domaine vital.

Le saviez-vous?

Les chercheurs ont fait le nécessaire pour que les sentiers puissent facilement être utilisés par différentes espèces. Par exemple, ils ont coupé des branches d’arbres afin de créer un espace suffisamment large pour les wapitis mâles, qui ont un panache imposant. Les chercheurs s’attendent à ce que les odeurs laissées par les autres espèces encouragent les grizzlis à emprunter ces sentiers à leur tour.

Un wapiti et des mouflons d'Amerique


Fuir le danger

Déterminants du risque dans les interactions ours-trains

B. Burley, D. Draper (Ph.D.) et R. Cartar (Ph.D.), Parcs Canada et Université de Calgary

À l’aide de caméras vidéo Go-Pro, les chercheurs ont étudié les facteurs qui influent sur les risques de collisions ferroviaires avec des grizzlis. En plaçant des caméras à l’avant des trains, ils ont pu filmer les ours présents sur la voie ferrée et enregistrer leurs réactions aux trains. Ces séquences vidéo les ont aidés à comprendre les facteurs qui agissent sur la capacité d’un ours de détecter l’arrivée d’un train et de prendre la fuite.

À la lumière de centaines d’heures de séquences filmées, les chercheurs ont découvert que, à l’approche d’un train, les grizzlis n’ont pas toujours la réaction à laquelle nous nous attendrions.

Ours près du chemin de fer. 

Les ours arrivaient à s’enfuir plus tôt lorsque la voie ferrée se trouvait au sommet d’une pente douce. Sur les talus de forte inclinaison, ils mettaient plus de temps à s’enfuir.

Voici ce que les chercheurs ont appris :

  • Les ours noirs s’enfuient plus rapidement que les grizzlis.
  • Les ours prennent la fuite plus rapidement lorsque les trains circulent à grande vitesse.
  • À l’approche d’un train, les ours se déplacent plus rapidement lorsqu’ils sont à l’écart des rails.
  • Les ours quittent la voie ferrée plus rapidement lorsque le couloir ferroviaire présente des lignes de vue non obstruées.

À la lumière de ces résultats, les chercheurs ont délimité dans les parcs nationaux Banff et Yoho des tronçons de voie ferrée qui pouvaient présenter des risques accrus de collisions avec des grizzlis. Ils recommandent que les secteurs de la voie ferrée où le talus est très escarpé et où les lignes de vue sont obstruées fassent l’objet de mesures ciblées pour réduire les menaces pour les ours.

Le saviez-vous?

Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le grizzli errait également dans les Prairies. Les grandes plaines étant dépourvues de forêt dense où il pouvait se cacher, il devait tenir tête à ses adversaires. C’est ce qui pourrait expliquer pourquoi certains ours choisissent de se défendre lorsqu’un train les prend par surprise.

Ours grizzli © Dan Rafla. Tous droits reservés.


Feu, ours et baies

Brûlages, éclaircie des forêts, sources de nourriture et préférences des ours

C. McLellan, J. Park et S. Nielsen (Ph.D.), Parcs Canada et Université de l’Alberta

Ce projet visait à étudier le rôle possible du feu dans l’amélioration de l’habitat des ours afin de les tenir à l’écart de la voie ferrée.

Une forêt pendant et après un incendie. 

Les chercheurs ont découvert que les grizzlis préfèrent chercher leur nourriture dans des brûlis récents plutôt que sur des parcelles semblables qui n’ont pas subi l’action du feu. Ils ont également constaté que les sources de nourriture essentielles aux grizzlis se retrouvent plus souvent dans les brûlis et y sont plus abondantes.

Parcs Canada continuera de recourir aux brûlages dirigés pour accroître l’abondance des sources de nourriture importantes pour les ours, par exemple les baies de la shépherdie du Canada, dans des secteurs des parcs nationaux Banff et Yoho qui se trouvent à l’écart de la voie ferrée. Le récent brûlage dirigé du chaînon Sawback et les opérations de brûlage prévues aux environs du ruisseau Baker et dans la vallée de la Dormer contribueront à la création d’un habitat propice au grizzli à l’écart de la voie ferrée.

Le saviez-vous?

La femelle ne peut mettre bas que si elle a accumulé des réserves de graisse suffisantes avant l’hiver. Les étés où les baies de la shépherdie du Canada poussent en abondance se traduisent généralement par un printemps chargé pour Maman l’année suivante!

Ours grizzli femelle avec sa jeune © Parcs Canada / Alex Taylor

 


Sur la clôture

Une clôture non électrifiée pour les ours

Parcs Canada

Les chercheurs ont examiné des moyens d’empêcher les ours d’accéder à la voie ferrée. Ils ont mis à l’essai une version modifiée d’une clôture non électrifiée pour exclure les ours des tronçons les plus risqués de la voie ferrée ou de la Transcanadienne. Pour qu’il produise les résultats souhaités, le modèle de clôture doit être complètement imperméable aux ours et aux autres gros mammifères.

Les ours enquêtent sur la clôture. 

Les chercheurs ont mis à l’essai une clôture non électrifiée pourvue d’un auvent de 1 m faisant face à l’extérieur et installé à un angle de 90 degrés.

Ils ont déposé des appâts à l’intérieur de l’exclos non électrifié et ont surveillé la parcelle d’étude à l’aide de caméras vidéo et d’appareils photo actionnés par le mouvement. Les appareils ont enregistré toutes les activités des animaux, ce qui a permis aux chercheurs d’analyser leurs interactions avec la clôture.

Même si aucun ours n’est arrivé à grimper par-dessus la clôture, deux grizzlis ont réussi à la forcer en poussant et en tirant sur un point faible, ce qui leur a permis de créer une grande brèche dans le fil métallique.

Les résultats donnent à penser qu’un auvent non électrifié pourrait dissuader les ours de grimper par-dessus la clôture, mais il faudra plus de recherches et d’essais pour le confirmer. Les chercheurs ont recommandé l’installation d’une clôture électrifiée pour assurer un niveau de protection supplémentaire, un atout particulièrement important si les ours sont très attirés par une source de nourriture qui se trouve de l’autre côté de la clôture.

Le saviez-vous?

Au printemps et à l’automne, lorsque les sources de nourriture sont peu abondantes, les grizzlis doivent souvent travailler fort pour trouver leur prochain repas. Les chercheurs ont constaté que les ours mettaient plus de temps et d’effort à tenter d’accéder à l’appât pendant les périodes de l’année où les sources de nourriture naturelles n’étaient pas facilement accessibles. Au milieu de l’été, saison où la nourriture est facile à trouver, les ours faisaient moins d’efforts pour franchir la clôture.

Un ours mange des pissenlits

 


Enfermés dehors

Essais aux extrémités des clôtures

Parcs Canada et Chemin de fer Canadien Pacifique

Les chercheurs ont mis à l’essai des clôtures assorties de tapis électriques pour vérifier si elles pouvaient efficacement éloigner les ours et d’autres espèces sauvages de la voie ferrée.

Deux exclos (clôtures conçues pour empêcher les animaux d’entrer) flanquant un bout de voie ferrée simulé ont été aménagés dans un lieu sûr, à l’écart de la voie ferrée réelle. Des tapis électriques et des clôtures ont été placés à chaque extrémité. Les exclos étaient pourvus de brèches artificielles et de barrières à animaux, et les chercheurs y ont déposé des appâts pour encourager la faune à tenter de s’y introduire.

Tapis électriques

 

Des caméras actionnées par le mouvement ont enregistré 55 tentatives de franchissement par huit espèces de carnivores. Aucun grizzli n’a réussi à pénétrer dans les exclos en franchissant les tapis électriques lorsque ceux-ci étaient sous tension.

L’utilisation de tapis électriques en est encore au stade expérimental, et il faudra poursuivre les recherches. Le taux d’échec était plus élevé en hiver, et les tapis n’ont pas encore été mis à l’essai chez les ongulés (animaux à sabots). Il faudra procéder à d’autres essais sur une voie ferrée pour évaluer leur durabilité, l’efficacité des mesures de déneigement et la réaction de la faune.

Parcs Canada poursuit ses essais sur les tapis électriques dans les parcs nationaux Banff et Kootenay. Il en a installé à plusieurs extrémités des clôtures routières en les jumelant à des barrières canadiennes.

Le saviez-vous?

Le courant électrique utilisé pour ces essais, soit de 8 000 à 9 000 volts, est comparable à celui d’une clôture à bétail employée par les éleveurs. Il provoque une décharge suffisante pour inciter les animaux sauvages à éviter les tapis, sans toutefois leur causer de blessure.

Un chercheur établit un site d'essai. Plus tard, un ours enquête.

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