Sandra Hollender

Parc national Wapusk

Sandra Hollender n’a jamais mis les pieds au parc national Wapusk, mais elle joue un rôle essentiel dans la protection de son histoire.

Sandra est conseillère en gestion des ressources culturelles auprès de Parcs Canada et à ce titre, elle est responsable de la coordination des projets liés aux ressources se trouvant dans le parc. Parcs Canada définit les ressources culturelles comme suit: «œuvre humaine, objet ou endroit qui a été reconnu, selon sa valeur patrimoniale, comme étant directement associé à un ou plusieurs aspects importants de l’histoire et de la culture humaines». Sandra veille à ce que ces articles soient inventoriés, surveillés et gardés en bon état. Elle veille aussi à ce que les risques que courent les divers articles soient pris en compte.

Roches disposées en cercle.
Un cercle de tentes dans le parc national Wapusk.

Avec ses 11 475 kilomètres carrés et ses zones de végétation variées, Wapusk présente d’immenses possibilités en matière de ressources culturelles. Cela dit, seule une petite partie du parc a été explorée, principalement en raison de son ampleur. De vastes bandes de terre de ce parc sont difficiles d’accès en raison de la végétation épaisse et du grand degré de concentration nécessaire à l’analyse adéquate de ses aires.

«Le parc est vaste, et nous en savons très peu sur ce qui s’y trouve», déclare Sandra.

De manière générale, les artefacts qui sont découverts à Wapusk restent sur place. En fait, seulement 34 sont à l’extérieur du parc, soit à des fins de conservation à Winnipeg, soit à des fins d’exposition au Centre d’accueil de Parcs Canada à Churchill. Grand nombre de ces artefacts n’ont pas été prélevés par l’Agence Parcs Canada. Ils lui ont plutôt été remis après avoir été trouvés par autrui.

«Dans le grand ordre des choses de parcs Canada, 34 artefacts, ce n’est rien, poursuit Sandra. D’habitude, si nous trouvons quelque chose, nous le laissons en place, à moins que la chose en question ne soit menacée. Si nous savons que l’objet se situe dans un lieu de forte activité, là où se promènent des touristes par exemple, et que quelqu’un est susceptible de le mettre dans sa poche… ou s’il est assujetti à des risques, nous le ramassons.»

Roches disposées en cercle. Le sol est affaissé au centre.
Une cache pour nourriture dans le parc national Wapusk.

Les ressources ainsi découvertes sont placées dans des catégories en fonction de thèmes: l’ère préeuropéenne (comme les cercles de tentes, les caches de chasse et les caches pour nourriture), l’ère de la traite des fourrures (comme les cabanes de trappeurs et les tours d’aide à la navigation) et l’ère moderne, y compris la recherche militaire et scientifique (comme les essais de roquettes militaires et les tours d’aide à la navigation).

Qu’advient-il des ressources?

Lorsqu’un artefact est recueilli, il est nettoyé soigneusement afin d’en enlever la rouille ou la saleté dans le laboratoire de Parcs Canada à des fins de conservation. Dans l’ensemble cependant, les artefacts qui sont laissés dans le parc Wapusk se trouvent dans un environnement naturellement sûr.

«Dans mon domaine, j’aimerais bien emballer tous les objets dans du film à bulles, les mettre dans une boîte et les garder dans un lieu sombre, frais et sec afin de les préserver comme ils sont, ajoute Sandra. Mais à Wapusk, ces conditions se trouvent ni plus ni moins naturellement dans le parc. Il y a un peu de soulèvements isostatiques dans le sol, mais peu de soulèvements par le gel et peu d’affouillements glaciaires. Dans ces zones, la présence de gens qui laissent des traces n’est pas nécessairement grande. Heureusement, il n’y a pas beaucoup de véhicules terrestres.»

Cependant, les artefacts laissés sur place subissent les menaces des humains, de la faune et de la nature. Parmi ceux-ci, notons les troupeaux de caribous qui bousculent les pierres et agitent la terre, les oies des neiges qui perturbent le sol en arrachant la végétation basse, et les animaux qui creusent des trous. Les feux irréprimés constituent également des menaces bien que jusqu’à maintenant, les feux causés par les éclairs se sont principalement déclarés dans des endroits recelant peu de sites archéologiques connus.

Que réserve l’avenir en matière de conservation des ressources culturelles de Wapusk?

Il existe des plans visant à intensifier les efforts de gestion des ressources culturelles à Wapusk. Même si 87 ressources culturelles ont été repérées dans le parc, ce qui comprend des éléments paysagers, des ouvrages de construction et d’ingénierie et des sites archéologiques, seulement environ la moitié d’entre eux ont fait l’objet de vérifications adéquates. Grand nombre d’entre eux sont signalés par des informateurs, font l’objet de divers documents ou ont été repérés lors de survols aériens et n’ont jamais été documentés correctement.

Roches disposées de manière à former une ligne. Derrière elles, trois personnes sont allongées sur le ventre et font face à l’appareil photo.
Une cache de chasse dans le parc national Wapusk.

Sandra espère s’associer à des groupes autochtones afin d’amener des membres de la communauté dans le parc. En plus de se rapprocher de ce territoire traditionnel, les peuples autochtones de la région qui se servent du parc peuvent nous aider à comprendre la terre et ses usages antérieurs. Souvent, ils sont bien placés pour nous donner des détails sur les artefacts culturels et pour identifier des caractéristiques imperceptibles par d’autres personnes. Dans ce que l’on appelle maintenant la pointe nord de Wapusk, au moins trois groupes culturels différents ont évolué sur la terre, et c’est pourquoi les chercheurs ne peuvent pas associer en toute confiance les artefacts à un groupe culturel particulier.

«Nous voulons que les Autochtones viennent fouler le sol avec nous parce qu’il arrive souvent que nous n’apercevions pas certaines choses subtiles, conclut Sandra. Nous en avons beaucoup à apprendre.»

Au bout du compte, Sandra espère que grâce aux ressources culturelles découvertes à Wapusk, il sera possible d’en savoir plus sur le mode d’utilisation de la terre. Parmi les questions qui se posent, notons à savoir si les gens campaient dans des lieux particuliers ou à savoir si les sites se prêtaient à la consommation de nourriture cuisinée ou de nourriture froide lorsque les nomades dressaient leur camp pour la nuit.

Nous espérons que les réponses à ces questions, et à bien d’autres, seront trouvées par les chercheurs qui fouilleront le parc au fil des ans.

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