Deux voies menant à la même destination

Au parc national des Monts-Torngat, on recourt à la fois au savoir autochtone et à la science occidentale pour protéger le parc et la terre ancestrale.


Lieu montagneux recouvert de glace et d’une abondance de fleurs sauvages, le parc national des Monts-Torngat couvre une zone de 9 700 kilomètres carrés à l’extrémité nord du Labrador. Son nom provient du mot inuit Torngait, qui signifie « endroit où les esprits demeurent ».

Au cours des siècles, les inuits ont acquis un vaste savoir à propos du territoire, des conditions météorologiques et de la faune. À l’heure actuelle, des équipes possédant ces connaissances de première main font équipe avec la science moderne afin d’orienter la gestion du parc et contribuer au maintien d’un mode de vie.

Selon Darroch Whitaker, les détenteurs de connaissances scientifiques et autochtones peuvent emprunter des voies distinctes pour réaliser leurs tâches, mais ils se rejoignent en fin de parcours.

J’ai pu constater les synergies existant entre ces deux savoirs. Les Inuits accordent de l’importance à la science, mais ils ont également leurs propres connaissances à transmettre. J’ai pu constater la manière dont les deux savoirs s’enrichissent mutuellement ainsi que la façon dont les connaissances inuites renforcent la science. 

Dr Darroch Whitaker
Scientifique des écosystèmes de l’unité de gestion de l’Ouest de Terre-Neuve et Labrador de Parcs Canada
Eli Merkuratsuk, chasseur inuit, au parc national des Monts-Torngat. M. Merkuratsuk a grandi dans le parc et occupe présentement un poste de garde assurant une protection contre les ours afin de protéger les chercheurs, les visiteurs du parc et le personnel de Parcs Canada.

Un parc, une terre ancestrale, un mode de vie

Le conseil de cogestion du parc national des Monts-Torngat, qui est entièrement composé de membres inuits, guide Parcs Canada en ce qui a trait à la gestion du parc. L’ensemble du personnel du parc ne comprend également que des Inuits.

« La manière dont nous menons nos recherches et le genre de recherches que nous demandons sont liés aux valeurs et aux besoins des Inuits », a affirmé le Dr Whitaker.

Les sources alimentaires, telles que le caribou, s’imposent en tête de liste des ressources importantes pour les Inuits. Le parc abrite le troupeau des monts Torngat qui assure la subsistance des inuits depuis des générations.

Cependant, on possédait peu d’information sur ce troupeau. Un nombre restreint de données scientifiques nous indiquait toutefois qu’il était assez petit. Afin d’élargir leurs connaissances à ce sujet, les employés du parc ont collaboré avec le gouvernement du Nunatsiavut, soit un gouvernement régional inuit autonome, en vue de commander une étude sur le savoir autochtone.

Cette dernière a consisté en des entrevues menées auprès de 33 détenteurs de savoir traditionnel. Les personnes interviewées se composaient de chasseurs et d’aînés inuits dont l’expertise globale avait été acquise sur une période de plus de 70 ans. Les participants à l’étude ont cerné une vaste gamme de menaces auxquelles le caribou doit faire face, y compris la pression de chasse accrue, la dégradation de leur habitat et la croissance des populations de prédateurs causée par les changements climatiques.

Une autre étude à propos d’une population de phoques du lac Kangalaksiorvik, qui est situé dans le parc, est en cours. L’une des principales questions à examiner dans le cadre de la recherche consiste à savoir si les phoques hivernent en eau douce ou s’ils nagent en aval vers l’océan. Le conseil de cogestion a demandé au parc de repousser la tenue de cette recherche scientifique jusqu’à ce qu’une étude sur le savoir autochtone puisse être effectuée.

« Les Inuits pourraient détenir les réponses à certaines questions clés, a déclaré le Dr Whitaker. Par exemple, ils pourraient avoir abattu des phoques dans le lac pendant l’hiver et être en mesure de nous dire si quelques spécimens y demeurent toute l’année. »

Parcs Canada collabore étroitement avec la communauté inuite locale et les gouvernements du Nunatsiavut et du Nunavik lors de l’exécution d’études sur le savoir autochtone.

«Ces relations sont entièrement fondées sur la confiance, a ajouté le Dr Whitaker. Il faut établir un lien solide avec la communauté et savoir quelles questions poser. Au bout du compte, les gens doivent voir en quoi les études que nous effectuons et les questions que nous posons touchent leur vie. »

Les caribous font partie de notre alimentation. Les Inuits se sont également toujours servis de leur peau pour se vêtir. S’ils disparaissent, qu’allons-nous faire? Comme nous souhaitons que la prochaine génération ait de la nourriture, cet enjeu est très important et c’est pourquoi leur préservation doit être une priorité. [traduction]

L’aîné inuit Willie Etok
Citation se trouvant dans l’étude Across Borders, for the Future: Torngat Mountains Caribou Herd Inuit Knowledge, Culture and Values Study

Portrait d'un aîné inuit

Vous pouvez en apprendre davantage à ce sujet en visionnant la vidéo La science en terre inuit du Parc national des Monts-Torngat sur YouTube.

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