Culture et histoire

Lieu historique national des Hauteurs-de-Queenston

La bataille des Hauteurs-de-Queenston 

Par un sombre jour d’octobre 1812, une petite force de défenseurs britanniques rencontra une armée américaine six fois plus importante lors de la première bataille pour la frontière de Niagara. Les Hauteurs-de-Queenston fut désigné comme un site d’importance nationale pour commémorer cette bataille, les hommes qui y perdirent la vie et les répercussions qu’elle eut sur le déroulement de la guerre de 1812 et l’avenir du Canada.

Le 13 octobre 1812, sous la direction du major-général Stephen Van Rensselaer, des membres de l’armée régulière américaine et des unités de la milice traversèrent le fleuve Niagara, ce qui donna le coup d’envoi de la bataille des Hauteurs-de-Queenston. Les Américains réussirent d’abord à prendre le contrôle des hauteurs du village de Queenston.

Le major général Isaac Brock quitta rapidement le fort George pour se rendre au village et rassembler une petite bande de soldats et de miliciens du 49e régiment, les amenant à affronter les envahisseurs américains et à regagner les hauteurs.

S’attendant à une contre-attaque, les Américains commencèrent à tirer sur les Britanniques. Brock, qui menait la charge, fut tué. Pendant que les forces britanniques attendaient des renforts, les guerriers autochtones, sous la direction de John Norton, escaladèrent les hauteurs et harcelèrent les forces américaines, réussissant à les freiner. Les soldats de l’armée régulière britannique de fort George et Chippewa arrivèrent cet après-midi-là et combattirent aux côtés des guerriers autochtones, de la milice canadienne et du Corps d’hommes noirs libres de l’officier Runchey, forçant finalement une reddition et faisant 958 prisonniers américains. Cette victoire mit fin à l’offensive américaine de 1812 et, associée aux victoires précédentes de fort Mackinac et de fort Detroit, contribua à unifier la population derrière l’effort de guerre.

Il y eut relativement peu de pertes du côté britannique, bien que la mort de Brock fût un moment douloureux. Parmi les autres disparus ce jour-là, citons le lieutenant-colonel John Macdonell, le sergent Charles Merryweather, les soldats Thomas Haynes et David Jones du 41e régiment de fantassins, les soldats Richard Frickleton, Thomas Gee, Martin Hall, Thomas Levins, John Merrick, William Newman, John Smith et Richard Wade du 49e régiment de fantassins; le soldat Henry Cope du 2e régiment de la milice de York; le soldat Thomas Smith du 3e régiment de la milice de York; Ayanete et Kayentatirhon, chefs cayugas; Ta Kanentye, guerrier onodaga; et Kayarawagor et Sakangonguquate, guerriers oneida.

Le major-général Isaac Brock et son aide de camp, le lieutenant-colonel John Macdonell, sont enterrés et commémorés dans le monument de Brock, construit à l’endroit où se déroula le point culminant de la bataille.

Major-général Sir Isaac Brock

Monument du Sir Brock

Le major-général Sir Isaac Brock est largement promu comme un héros dans l’histoire du Canada, et pourtant la plupart des gens ne se souviennent que de la charge qu’il mena à la bataille des Hauteurs-de-Queenston, ce qui entraîna sa mort.

Mais ce récit est lacunaire.

La guerre de 1812 fut déclarée par le président Madison le 18 juin 1812. Pour les habitants du Haut et du Bas-Canada, ainsi que pour les quelque 6 000 soldats de l’armée régulière britannique qui s’étendaient de Halifax à fort St. Joseph, ce n’était pas une bonne nouvelle. Les dirigeants britanniques avaient l’espoir que lorsque les rapports relatifs à l’abrogation des impopulaires décrets en conseil parviendraient à Washington le 23 juin, le conflit cesserait. Ce n’est pas ce qui arriva. Brock et son supérieur, le gouverneur George Prevost, étaient en profond désaccord sur la stratégie défensive à adopter. Dans cette affaire, Brock fit valoir que l’attaque était la meilleure défense. Il fut largement perçu comme un héros à l’époque car il réussit à capturer les forts Mackinac et Detroit à la mi-août 1812. Cela fut possible grâce à la compétence et à l’initiative de Brock, ainsi qu’à ses rapports avec Tecumseh, John Norton et Joseph Brant. Leur respect fit de Brock un chef de guerre aux yeux de la plupart des guerriers autochtones, ce qui consolida ces précieuses alliances au début de la guerre.

Brock put équilibrer sa connaissance de la stratégie de guerre et de la bureaucratie, car il sut conserver la loyauté des conseils exécutif et législatif face au nombre croissant de loyalistes américains tardifs. Il fut également le rempart de la milice locale de Niagara, formant des compagnies de flanc bien entraînées pour aider l’armée, ce qui contribua à renforcer l’admiration qu’il inspirait.

Il est vrai que l’attitude cavalière de Brock le conduisit à sa mort lors de la bataille des Hauteurs-de-Queenston. Cependant, la décision de charger les hauteurs ne fut pas aussi imprudente que ce qui est souvent décrit dans la littérature, les images et la chanson. En tant que major-général qualifié, Brock aurait fait une évaluation et aurait pesé le pour et le contre avant d’agir. Il savait que tous ses officiers supérieurs expérimentés étaient gravement blessés et il était probablement conscient que c’était la dernière chance de freiner l’avance américaine, alors que les forces britanniques contenaient des soldats américains qui avaient débarqué sur la plage.

La position américaine sur les hauteurs était ténue. La charge « héroïque » de Brock fut le catalyseur de la bataille, qui rendit possible la percée de John Norton avec le lieutenant-colonel John Macdonell (aide de camp de Brock), puis plus tard du capitaine Holcroft de l’Artillerie royale et de la 41e infanterie légère du capitaine Derenzy. Ces unités purent contenir les forces américaines jusqu’à ce que des renforts arrivent du fort George.

Si les Américains avaient revendiqué la victoire sur les hauteurs, toute la partie occidentale du Haut-Canada aurait été menacée. Cela aurait obligé les Britanniques à abandonner Niagara, à laisser la frontière de Detroit isolée et à mettre en péril la sécurité de York, de la baie Géorgienne et des Grands Lacs supérieurs. La majorité de l’armée britannique se serait retirée à Kingston en prévision de l’abandon de la colonie.

Pourtant, la bataille des Hauteurs-de-Queenston fut une victoire de Sa Majesté. Cette victoire, qui intervint peu après la capture des forts Mackinac et Detroit, donna à la population loyale l’espoir que l’effort de guerre britannique pourrait triompher, malgré la grande disparité des troupes disponibles entre elle et les Américains. Malgré la mort du major-général Sir Isaac Brock, les gens eurent le temps de s’organiser et de reprendre confiance – la colonie pouvait être défendue.

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