L’Épée Royale

En descendant la rue Toulouse, vous remarquerez un changement dans l’allure des constructions qui s’y alignent. Auberges et cabarets se font nombreux à proximité du quai. L’enseigne à l’Épée Royale attire les marchands aisés et les capitaines de passage. L’aubergiste Jean Seigneur, de La Rivière, exigeait des frais de pension mensuels plus élevés que ce qu’un grand nombre de colons gagnaient à l’époque, mais sa table avait de quoi susciter l’envie : porc, canard, pot-au-feu et tourtières constituaient l’ordinaire des clients. Il fallait, bien sûr, payer un supplément pour les boissons. Seigneur offrait des vins français et des eaux-de-vie en cruche, en bouteille et en baril. Un petit supplément assurait le logement de votre domestique. Il lui était permis de manger les restes et, peut-être, de dormir au fond du magasin.

Pendant une courte période, une esclave « panis », arrivée à Louisbourg en passant par Québec, vécut auprès de la famille Seigneur. Cependant, peu après son arrivée, il fut établi qu’elle était enceinte de l’homme chez qui elle avait précédemment été esclave. Son enfant et elle furent vendus quatre mois après qu’elle eut donné naissance.

Jean Seigneur jouissait de l’estime de la communauté. Ses filles se marièrent à de beaux partis et on lui demanda souvent d’être exécuter testamentaire. Après dix années de veuvage, il mourut dans cette maison, en 1745. Les pièces dans lesquelles vous prendrez peut-être un repas ont été meublées d’après l’inventaire établi à sa mort.