La maison Benoist

Cette maison, comme tant d’autres, vit s’ébattre plusieurs enfants. Le lieutenant Pierre Benoist (v. 1695-1763) fit deux mariages et eut sept enfants. L’un d’eux s’éteignit en bas âge, emporté comme sa mère par la petite vérole. Benoist n’était pas riche, mais toute famille d’officiers se devait de veiller à son image. En 1743, tandis que Benoist servait à Port Toulouse, un don charitable permettait à sa fille d’étudier au couvent des religieuses de Notre-Dame.

Le couvent, seule école de Louisbourg, assurait l’instruction religieuse des filles de l’élite et leur enseignait les arts et les règles de bienséance. Les enfants moins fortunés, quant à eux, n’étaient pas entièrement laissés à leur sort. Les parents qui savaient lire et écrire leur enseignaient l’alphabet à la maison. Tous les enfants devaient apprendre leurs prières et savoir leur petit catéchisme. Peu après la puberté, les jeunes garçons se faisaient apprentis et se familiarisaient avec leur futur métier ou leur future profession sur le tas. Parvenus à cet âge, les filles et les garçons faisaient leurs débuts dans la société; les parents demeuraient néanmoins longtemps responsables de leurs enfants. Le soin apporté par Benoist à l’éducation de ses enfants résulta en un mariage avantageux, celui de sa fille Geneviève avec le neveu de son voisin Carrerot en 1753, qui unit ainsi les élites militaires et commerciales de la colonie.

Du côté gauche de la rue Toulouse, les murs dénudés du magasin conduisent à un grand puits communautaires. On en trouve plusieurs dans la ville; ils servaient à ceux dont la cour n’en était pas équipée. Peu profonds et entourés de latrines, les puits de la ville donnaient une eau jugée quand même potable. De toute façon, on ne buvait guère d’eau à Louisbourg.