Bataille au sein de l'écorce

graphique de programme sur le dendroctone du pin

Il n’est pas facile pour un dendroctone du pin ponderosa de réussir à coloniser un arbre. Il doit échapper aux prédateurs et aux mécanismes de défense de l’arbre et livrer bataille à d’autres organismes pour se faire une place dans l’arbre. Les jeunes dendroctones doivent être capables de survivre aux hivers froids et aux attaques d’autres organismes parasites. En fait, toute une « bataille » se déroule au sein de l’écorce avant que les dendroctones puissent être capables de produire une autre génération en santé.

Les mécanismes de défense de l’arbre

Lorsqu’un dendroctone du pin s’attaque à un pin, il ne réussit pas toujours. Les pins disposent de mécanismes de défense qui peuvent empêcher les dendroctones de les coloniser. Les branches les plus hautes de l’arbre sont alimentées en eau et en éléments nutritifs par la sève ou « résine » acheminée par le système vasculaire (l’« aubier »). Pour assurer la conduction de la sève jusqu’au sommet de l’arbre, il faut qu’une pression se maintienne dans les tubes vasculaires. Lorsqu’un dendroctone perce l’écorce et creuse des galeries dans l’aubier, cette pression provoque un épanchement de résine par le trou percé par le dendroctone. Le dendroctone est souvent emprisonné dans cette résine collante et meurt avant d’avoir pu creuser ses galeries et se reproduire.

Diagramme d’un coin de bois montrant l’écorce externe morte, l’écorce interne vivante (ou phloème), la portion vivante du bois (ou aubier) et la portion morte du bois (ou bois de cœur ou bois parfait)
Diagramme d’un coin de bois montrant l’écorce externe morte, l’écorce interne vivante (ou phloème), la portion vivante du bois (ou aubier) et la portion morte du bois (ou bois de cœur ou bois parfait)
© Malcolm M. Furniss

photo montrant un épanchement de sève ou « résine » par les trous percés dans l’écorce d’un arbre par des dendroctones. Les bulles de résine sont appelées « bouchons de résine »
© Parcs Canada / Heather Dempsey

Le dendroctone du pin ponderosa a développé un certain nombre de stratégies pour éviter d’être repoussé par la résine. En premier, il émet des phéromones qui rassemblent un grand nombre de dendroctones à la fois et coordonne l’attaque d’un même arbre. Même si certains se retrouvent emprisonnés dans la résine, d’autres sont capables de l’éviter et de commencer à creuser des galeries. Le forage des galeries perturbe le système vasculaire et ralentit la circulation de la résine.

Les dendroctones du pin ponderosa transportent aussi avec eux des champignons du genre Ophiostoma ou « champignons du bleuissement » . Les adultes transportent les spores du champignon dans un réceptacle spécialisé de leurs pièces buccales et dès qu’ils commencent à grignoter l’aubier, ils répandent les champignons qui se multiplient rapidement et perturbent encore plus le système vasculaire, empêchant l’arbre d’inonder de résine l’endroit attaqué.

Les prédateurs et les compétiteurs

Un certain nombre d’organismes s’attaquent ou parasitent le dendroctone du pin ponderosa, notamment :

  • des oiseaux (surtout des pics);
  • d’autres coléoptères, des mouches et des guêpes;
  • des vers endoparasites (des nématodes)

grand pic
En restant sous l’écorce pendant un certain temps, les dendroctones sont moins exposés aux prédateurs. Toutefois, les pics utilisent leur puissant bec pour percer l’écorce et manger les scolytes. Dans un secteur où sévit une flambée du dendroctone, les pics peuvent manger jusqu’à 30 % de la population!
© Parcs Canada

Certains prédateurs, comme les sittelles et les trichodes, attaquent les scolytes adultes en plein vol ou présents sur l’écorce extérieure de l’arbre. D’autres animaux, comme des guêpes parasites, injectent leurs œufs dans les galeries du dendroctone, et les larves qui en sortent se nourrissent des larves du dendroctone et parviennent à maturité à l’abri dans les galeries.

Même si les larves survivent aux prédateurs, elles doivent disputer non seulement à leurs congénères mais également aux larves d’autres coléoptères, comme des capricornes (Cérambycidés), la nourriture et l’espace. Ces scolytes peuvent détruire des couvains entiers du dendroctone du pin.

Les prédateurs et les compétiteurs contribuent vraisemblablement à la régulation de populations naturelles (à l’état endémique) ou « normales » du dendroctone du pin, mais ont peu d’effet en période de forte pullulation du scarabée.

Survivre aux éléments

Le dendroctone du pin passe la plus grande partie de sa vie sous l’écorce des pins. Des œufs déposés dans les galeries par les adultes naissent des larves qui dévorent le phloème de l’arbre pendant l’hiver . Au fil de leur évolution, les dendroctones du pin ont développé des mécanismes d’adaptation qui leur permettent de survivre aux conditions hivernales. En demeurant sous l’écorce, ils sont moins sensibles au froid et au vent. De plus, leur sang produit des glycols ou « sucres » qui agissent comme antigel et les empêchent de mourir gelés. Les hivers doivent être très froids et très longs pour réussir à annuler l’effet de cet antigel et tuer les larves.

Pour en savoir plus sur la résistance au froid des larves de dendroctones du pin, consultez cette page du site Web du Service canadien des forêts.

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