Mon retour au pays Supérieur

Aire marine nationale de conservation du Lac-Supérieur

par Doug Tate

Ne vous méprenez pas, le mot « supérieur » peut s’appliquer à une grande partie du Canada. Je peux en témoigner grâce, en grande partie, à ma carrière à Parcs Canada. Par contre, le titre semble tout indiqué, puisque mon premier poste à Parcs Canada était au lac Supérieur et que je suis récemment retourné travailler à l’aire marine nationale de conservation du Lac‑Supérieur.

 

Après avoir terminé mon baccalauréat ès sciences en biologie de la faune et ayant étudié pendant 18 années consécutives (sauf l’été), il était temps de prendre une pause. C’est ainsi qu’a débuté mon « année sans revenu » au cours de laquelle j’ai fait du bénévolat auprès du US Fish and Wildlife Service, en Californie, et où j’ai passé une demi‑année à aider sur un projet de recherche au Venezuela. À mon retour à la maison (oui, la maison de mes parents), il était temps de trouver un véritable emploi, comme on dit. Après quelques mois à ronger mon frein, j’ai décroché un poste d’interprète saisonnier (maintenant animateur‑guide, Patrimoine) au parc national Pukaskwa. Ce fut un été amusant, à présenter aux visiteurs du parc les merveilles naturelles de la rive du lac Supérieur, et je suis revenu pour deux autres saisons. En hiver, je me suis porté volontaire pour travailler au parc national Pacific Rim et j’ai travaillé au parc national des Îles‑de‑la‑Baie‑Georgienne, ce qui m’a exposé davantage aux magnifiques côtes du Canada. Par contre, l’appel de la science était puissant et j’ai décidé de retourner à l’université pour effectuer une maîtrise, financée en grande partie par Parcs Canada.

 

Après l’obtention de mon diplôme, j’ai travaillé un été comme garde de parc au parc national des Îles‑du‑Saint‑Laurent (aujourd’hui le parc national des Mille‑Îles) avant d’avoir l’occasion d’aller dans le Nord pour travailler comme biologiste de la conservation dans la réserve du parc national Nahanni. C’était exactement ce qu’il me fallait – beaucoup de temps sur le terrain, voyager en bateaux à propulsion hydraulique, en hélicoptères et en hydravions, faire de la randonnée pédestre sur les plateaux alpins et du canotage sur la magnifique rivière Nahanni Sud. Pour ceux qui pensent que les Territoires du Nord‑Ouest, au Canada, sont tous plats et ont une toundra sans arbre, le parc national Nahanni est l’endroit parfait pour leur prouver qu’ils ont tort. Avec ses canyons les plus profonds au pays, ses façades d’escalade de rocher de renommée mondiale, une chute d’eau deux fois plus haute que les chutes du Niagara, ses sources thermales et ses passages souterrains s’étendant sur des kilomètres, ce territoire offre une géologie et une hydrographie stupéfiante. La biodiversité végétale et animale de la région est également surprenante en raison de la latitude nordique.

 

Lorsque je suis arrivé, le parc national Nahanni n’avait mis en place aucun plan officiel de surveillance de l’intégrité écologique et il restait encore beaucoup d’exploration à faire. C’était probablement le meilleur moment pour moi : faire partie de l’élaboration du programme du parc et faire des découvertes écologiques. Pendant mes quelque 15 années à Nahanni, de nombreuses espèces d’oiseau ont été ajoutées à la liste du parc, et j’ai aidé à concevoir et à mettre en œuvre des projets de recherche pour évaluer la taille et la diversité génétique des ours grizzlis, j’ai aidé à cartographier la distribution de l’omble à tête plate, et j’ai vérifié le classement et l’état de l’espèce endémique de l’aster de la Nahanni (Symphyotrichum nahanniense), pour ne nommer que quelques réalisations.

 

Ces projets de plus grande envergure ont été des collaborations et ils m’ont permis de travailler avec toute une gamme de scientifiques compétents et talentueux – y compris des personnes provenant du milieu universitaire, d’organismes non gouvernementaux, de ministères territoriaux et d’autres ministères fédéraux, et des consultants privés – ce qui a été un autre grand aspect de l’emploi; c’était toujours une expérience d’apprentissage. Par contre, j’ai également beaucoup appris auprès de la population locale : collaborer avec le personnel du parc de la région, voyager avec des membres de la tribu participant aux projets de recherche et aux voyages du personnel, et discuter avec des membres de l’équipe de consensus Nahʔą Dehé (l’organisme de gestion coopérative du parc représentant Parcs Canada et les Premières Nations du Dehcho). Les aînés et les pêcheurs de cette équipe aident à orienter la prise de décision de l’organisme de gestion du parc dans tous les domaines, y compris la recherche et la surveillance, ce qui était l’objectif de mon travail.

 

La décision de quitter le Nord n’a pas été facile, mais la possibilité de travailler dans un nouveau site de Parcs Canada pour élaborer ses programmes de gestion des ressources était attirante, et le déménagement tombait également au bon moment pour des raisons personnelles et familiales. Je me suis senti le bienvenu à l’aire marine nationale de conservation du Lac‑Supérieur, j’ai bien aimé mes premières explorations de ce site et j’ai hâte d’en apprendre davantage à propos des lieux et des gens de la région.

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