Lieu historique national du Canada du Monument-national

Montréal, Québec
Façade avant du Monument national mettant de l'emphase sur ses fenêtres à carreaux espacées de façon régulière, dont la taille diminue à chacun des étages, ses grandes vitrines au rez-de-chaussée, et ses impostes de baies cintrées, 1993. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada 1993.Vue des détails du Monument national montrant sa façade ornementée, notamment des cordons, des seuils, des linteaux décoratifs, des corniches, des pilastres, des niches dotées de colonnes, des gravures et des garnitures de pierre recherchées, 1994. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, P. St. Jacques, 1994.Vue panoramique du Monument national montrant sa construction de style renaissance et d’inspiration éclectique et sa masse rectangulaire à quatre étages, 1994. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, P. St. Jacques, 1994.
Adresse : 1182, boulevard Saint-Laurent, Montréal, Québec

Loi habilitante : Loi sur les lieux et monuments historiques (L.R.C. (1985), ch. H-4)
Date de désignation : 1985-11-15
Dates :
  • 1893 à 1893 (Construction)

Événement, Personne, Organisation :
  • L’association Saint-Jean-Baptiste de Montréal  (Organisation)
  • École nationale de théâtre du Canada  (Organisation)
  • Canadian Jewish Congress  (Organisation)
  • Société canadienne d’opérette  (Organisation)
  • Variétés lyriques  (Organisation)
  • Conseils des Arts et Manufactures de Montréal  (Organisation)
  • Perrault, Mesnard et Venne  (Architecte)
Autre nom(s):
  • Monument national  (Nom de la désignation)

Plaques


Plaque existante:  1182, boulevard Saint-Laurent, Montréal, Québec

Construit par l'Association Saint-Jean-Baptiste de Montréal, et inauguré le 24 juin 1893, ce centre d'activités théâtrales, politiques et éducatives a joué un rôle capital dans la promotion de la langue et de la culture françaises en Amérique du Nord. Son théâtre de quelque 1400 places fut également le haut lieu du théâtre yiddish au Canada entre 1915 et 1957. Oeuvre éclectique des architectes Perrault, Mesnard et Venne, le Monument National fut restauré en 1993, et, depuis 1971, il est occupé par l'École nationale de théâtre du Canada.

Description du lieu patrimonial

Le lieu historique national du Canada du Monument-national, situé sur le boulevard Saint Laurent, à Montréal (Québec), est un imposant bâtiment de quatre étages de style renaissance et d’inspiration éclectique abritant un théâtre et un centre culturel. Sa façade, recouverte d’un parement en pierre de taille grise, s’articule clairement sur quatre étages et est caractérisée par un fenestrage varié, des cordons et des corniches. La façade arrière, recouverte de brique rouge, est dominée par six arcades partiellement aveugles et comporte deux oriels à deux étages coiffant deux fenêtres carrées. La désignation officielle s’applique à la totalité du lot.

Valeur patrimoniale

Le Monument national a été désigné lieu historique national du Canada, en 1985, parce que: il est un exemple d’un théâtre intégré à un édifice remplissant d’autres fonctions.

En 1884, l’association Saint-Jean-Baptiste de Montréal annonce la construction d’un centre culturel polyvalent sur le boulevard Saint Laurent, à Montréal. Ce bâtiment, appelé le Monument national, devint le centre administratif de la Société et sert également à promouvoir la culture canadienne-française. La construction du bâtiment débute en 1891 et se termine en 1894. Le théâtre principal est, quant à lui, inauguré le 25 juin 1893. Considéré comme le « cœur de l’Amérique française », le Monument national a été un symbole du nationalisme québécois. La Société canadienne d’opérette y est fondée par Honoré Vaillancourt en 1921. Parmi les nombreuses vedettes ayant foulé les planches du Monument national, mentionnons Emma Albani, La Bolduc et Alys Robi.

Le Monument national sert également d’espace de discussion politique à Montréal et accueille des politiciens comme Honoré Mercier, Wilfrid Laurier et Henri Bourrassa. Par ailleurs, des militantes bien connues en faveur des droits de la femme, notamment Idola Saint-Jean et Marie Gérin Lajoie, dirigent le mouvement féministe québécois à partir de cet endroit, exigeant que le Code civil du Québec soit passé en revue et réclamant, au nom des femmes, le droit de vote ainsi que le droit de fréquenter des établissements d’enseignement postsecondaire. De plus, des locaux sont aménagés au sein du Monument national, souvent appelé « l’université du peuple », afin de favoriser l’égalité d’accès à l’éducation pour les hommes et les femmes.

Au fil du temps, le Monument national accueille également les collectivités juives, chinoises et anglaises de Montréal. De 1903 à 1935, on y célébre des offices religieux. En 1919, c’est au Monument national que se tient la première réunion du Congrès juif canadien. En outre, jusqu’en 1950, des productions yiddish y sont présentées, suivies par des productions chinoises et anglaises. Le Monument national a par ailleurs été l’un des premiers endroits en Amérique du Nord où l’on a présenté des projections cinématographiques.

En 1978, l’École nationale de théâtre du Canada s’est portée acquéreur du Monument national, et elle a procédé à sa rénovation entre 1991 et 1993.

Source : Commission des lieux et monuments historiques du Canada, Procès-verbal, novembre 1985.

Éléments caractéristiques

Voici les principaux éléments qui contribuent à la valeur patrimoniale du lieu : son emplacement, sur le boulevard Saint Laurent, à Montréal (Québec); son cadre urbain, dans un secteur caractérisé par l’immigration depuis le XIXe siècle (notamment pour les immigrants juifs), et sa proximité actuelle du quartier chinois de Montréal; sa construction de style renaissance et d’inspiration éclectique et sa masse rectangulaire à quatre étages; sa structure d’acier recouverte d’un parement en pierre de taille grise (façade avant) et de brique rouge (façade arrière); sa façade ornementée, d’où l’on distingue bien les quatre étages du bâtiment, comportant divers éléments de style renaissance, notamment des cordons, des seuils, des linteaux décoratifs, des corniches, des pilastres, des niches dotées de colonnes, des gravures et des garnitures de pierre recherchées ainsi qu’un fenestrage varié; ses fenêtres à carreaux espacées de façon régulière, dont la taille diminue à chacun des étages, ses grandes vitrines au rez-de-chaussée, ses grandes fenêtres arquées à carreaux et ses impostes de baies cintrées; les huit pilastres, qui séparent la façade en sept baies verticales; les ornementations simples de la façade arrière, notamment les six arcades partiellement aveugles, les deux oriels à deux étages ainsi que le fenestrage disposé régulièrement de la première et de la dernière baie; l’entrée, pratiquée dans la baie droite de la façade; les cinq salles : la Salle Ludger-Duvernay, le Studio Hydro-Québec, le Café, la Salle Marie Vincent et la Balustrade; les entrées des salles de théâtre, ornées de marbre et de tuiles de céramique quadrillées, les rampes de chêne et de métal et les boiseries sculptées; les éléments distinctifs de la Salle Ludger-Duvernay, qui ont été préservés pendant les rénovations, notamment le balcon en fer à cheval, les bancs en fonte, le plafond peint et les décorations; tous les éléments intérieurs et extérieurs originaux qui subsistent.