Lieu historique national du Canada du Droulers-Tsiionhiakwatha

Saint-Anicet, Québec
Vue générale du lieu historique national du Canada du Droulers-Tsiionhiakwatha, 2006. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, Michel Gagné, 2006.
Vue générale
© Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, Michel Gagné, 2006.
Vue générale du lieu historique national du Canada du Droulers-Tsiionhiakwatha, 2006. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, Michel Gagné, 2006.Vue détaillée des outils en os du site Droulers-Tsiionhiakwata, 2006. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, Michel Gagné, 2006.
Adresse : 1800, chemin Leahy, Saint-Anicet, Québec

Loi habilitante : Loi sur les lieux et monuments historiques (L.R.C. (1985), ch. H-4)
Date de désignation : 2007-06-08

Événement, Personne, Organisation :
  • Iroquoiens du Saint-Laurent  (Personne)
Autre nom(s):
  • Droulers-Tsiionhiakwatha  (Nom de la désignation)
Numéro du rapport de recherche : 2006-035, 2009-072

Plaques


Plaque existante:  1800, chemin Leahy, Saint-Anicet, Québec

Lieu où vivaient quelque 600 agriculteurs iroquoiens vers le milieu du XVe siècle, ce site archéologique, maintenant appelé Droulers-Tsiionhiakwatha, compte l'un des villages les mieux conservés de l'Iroquoisie laurentienne. Les vestiges de maisons longues, de fosses pour la nourriture et de dépotoirs renferment des traces de la vie de ces habitants. Les fouilles ont aussi mis au jour une remarquable sélection de restes de plantes qui indique la pratique de l'agriculture et l'usage de plantes sauvages chez les Iroquoiens. Le nom moderne du site, « là où l'on cueille les petits fruits » en mohawk, illustre bien ce riche patrimoine.

Description du lieu patrimonial

Le lieu historique national du Canada du Droulers Tsiionhiakwatha représente un village qui, à l'apogée de la civilisation iroquoienne de la vallée du Saint Laurent, constituait le noyau d'une région qui livrera plus tard un nombre impressionnant de sites archéologiques. Situé dans le sud-ouest du Québec, à quelque huit kilomètres du fleuve Saint Laurent, il constitue l’un des villages iroquoiens les plus en retrait à l'intérieur des terres de la province. Cet important site archéologique, découvert en 1994, a fait l'objet de six campagnes de fouilles intensives qui ont permis de découvrir plus de 150 000 vestiges, laissant croire qu’il s’y trouvait autrefois un ensemble de longues maisons. La reconnaissance officielle du lieu englobe les deux secteurs situés de part et d’autre du chemin Leahy : le premier, borné au nord par les vestiges de l’ancienne palissade qui entourait le village et au sud par le chemin Leahy, et le second, formant un espace présentant une superficie de 557 mètres carrés, délimité au sud, à l'ouest et à l'est par la pente de la terrasse.

Valeur patrimoniale

Droulers Tsiionhiakwatha a été désigné lieu historique national du Canada en 2007 pour les raisons suivantes : c'est le plus important et le mieux conservé des sites connus associés aux Iroquoiens du Saint-Laurent au Canada; la qualité des données scientifiques qu'il recèle le place au nombre des grands sites archéologiques qui documentent la vie traditionnelle des Iroquoiens de l'Est du Canada; ce gisement archéologique renferme une des collections de plantes domestiquées et sauvages les plus importantes à avoir été découvertes sur un site iroquoien de l'Est canadien. (Minutes)

Droulers Tsiionhiakwatha est le plus important village paléohistorique découvert à ce jour sur l'ensemble du territoire québécois. Il a été occupé vers le milieu du XVe siècle par un groupe aujourd'hui identifié comme les Iroquoiens du Saint Laurent. Les conditions exceptionnelles du sol ont permis la conservation des structures du village, notamment des foyers, des fosses et des tranchées, qui indiquent l’emplacement d’une quinzaine d’habitations datant des trois siècles précédant l’arrivée des Européens.

En outre, Droulers Tsiionhiakwatha se place parmi les plus importants sites archéologiques permettant de documenter la vie dans les villages iroquoiens. L’emplacement unique du lieu permet de bien documenter l’importance des végétaux dans le régime alimentaire quotidien des Iroquoiens. En effet, on y a trouvé une quantité appréciable d’objets en os utilisés pour la cuisine et de restes d’os dans un état de conservation remarquable. Droulers Tsiionhiakwatha renferme l’un des plus importants ensembles de plantes cultivées et sauvages retrouvées dans un site iroquoien de l’Est du Canada. Ces vestiges indiquent que les villageois qui habitaient jadis à cet endroit exploitaient les nombreux écosystèmes sur le territoire. Ils montrent également que la population dépendait grandement de la culture de certaines plantes et qu’elle s’adonnait à d’autres activités, comme l’agriculture, la pêche et la cueillette de petits fruits sauvages.

Source : Commission des lieux et monuments historiques du Canada, Procès verbal, juin 2006.

Éléments caractéristiques

Les éléments clés qui contribuent à la valeur patrimoniale du lieu sont les suivants : son emplacement sur la rive sud du fleuve Saint Laurent, face au lac Saint François, près d’un petit ruisseau escarpé, dans un milieu composé de dépôts glaciaires formant une colline sensiblement plus haute que la plaine adjacente; les ressources archéologiques liées à la vie traditionnelle des Iroquoiens de l’Est du Canada, notamment les dépressions, tertres, buttes et autre matériel archéologique; un total de 25 caractéristiques archéologiques formant des vestiges architecturales répartis dans l’ensemble du site, notamment 11 fosses, 10 foyers, 3 tranchées liées à des habitations et une quatrième laissant croire à l’existence d’une palissade; les vestiges d’habitations laissant croire que le village comptait autrefois plus de 15 longues maisons; la répartition des ressources culturelles et l’implantation de certaines habitations, laissant croire que celles ci mesuraient quelque 30 mètres de longueur et 6 mètres de largeur; deux tertres, l’un se trouvant dans la pente située sur le côté de la terrasse et l’autre situé au nord, le long de l’emplacement présumé de l’ancienne palissade; le grand ensemble de rebords de céramique provenant de toutes les catégories de récipients nécessaires aux tâches quotidiennes, notamment des récipients à main et de petits, moyens et grands récipients servant à la cuisson et au stockage des aliments, présentant une foule de motifs allant de simples lignes parallèles à des formes géométriques variées; les fragments de pipes, notamment de pipes en forme de trompette, couramment utilisées chez les Iroquoiens, de pipes miniatures et de fourneaux de grande capacité faits d’argile ou de stéatite, les fragments de pipes décorés d’ocre rouge et les autres fragments particulièrement rares, comme une pipe décorée d’une représentation de mammifère; les objets en pierre, comme les meules à main (manos), meules gisantes (metates) et casse pierres, les outils utilisés pour façonner les os ou le bois, comme les marteaux en pierre, aiguisoirs et hachettes, ainsi que certains outils faits de pierre taillée, comme les têtes de projectiles, grattoirs, mèches et bifaces; les outils fabriqués à partir de matières premières provenant peut être de la région de Montréal, du sud ou du centre nord de l’Ontario ou de l’état de New York, preuve que les habitants de l’endroit avaient probablement accès à des matières premières directement ou grâce à des échanges avec d’autres groupes de la région ou d’ailleurs; les outils et objets fabriqués à partir d’os de mammifères, notamment les poinçons, spatules, gouges, outils tranchants faits d’incisives, têtes de projectiles, harpons, aiguilles, bilboquets, ainsi que les pièces uniques, comme un objet décoratif fabriqué à partir d’un fémur d’ours et orné de lignes et une canne circulaire finement sculptée; les résidus d’argile provenant des récipients et des perles de céramique ainsi que des objets décoratifs de stéatite fabriqués sur place; les restes d’aliments préservés, notamment les restes de poissons et de mammifères identifiés; les restes de végétaux, notamment les graines entières et partielles, épis, restes de fruits ou de cotylédons, ainsi que les restes de sept espèces de plantes sauvages, notamment de cenelles, de prunes sauvages, de merises, de vigne sauvage, de noix cendrées, de framboises et de cerises à grappes; l’intégrité des vestiges archéologiques pouvant potentiellement être découverts sur place, notamment les caractéristiques, les artefacts et les vestiges, dans leur emplacement et forme d’origine.