Tour Cathcart de Cedar Island

Édifice fédéral du patrimoine classé

Parc national du Canada des Îles-du-Saint-Laurent, Ontario
Vue de la façade générale de la tour Cathcart, qui montre la tour cylindrique avec un toit conique bas qui abrite le parapet et la plate-forme de tir, 1992. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, 1997.
Vue de la façade générale
© Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, 1997.
Vue de la façade générale de la tour Cathcart, qui montre la tour cylindrique avec un toit conique bas qui abrite le parapet et la plate-forme de tir, 1992. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, 1997.Vue de la façade latérale de la tour Cathcart, qui montre les murs extérieurs massifs, lisses et escarpés construits en blocs de calcaire serrés et deux des quatre caponnières régulièrement espacées autour de sa base, 1992. © Parks Canada Agency / Agence Parcs Canada, 1992.
Adresse : Île-Cedar, Parc national du Canada des Îles-du-Saint-Laurent, Ontario

Loi habilitante : La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation : 1995-02-06
Dates :
  • 1846 à 1848 (Construction)

Événement, Personne, Organisation :
  • Royal Engineers  (Architecte)
Autre nom(s):
  • Tour Martello Cathcart  (Autre nom)
Ministère gardien Parcs Canada
Référence du rapport BEEFP 93-034
Numero RBIF : 09431 00

Description du lieu patrimonial

Entourée d’arbres, la tour Cathcart se dresse sur Cedar Island, dans le parc national du Canada des Îles-du-Saint-Laurent, non loin de Kingston. Il s’agit d’une imposante tour cylindrique en pierre, de deux étages de hauteur, avec quatre caponnières régulièrement espacées à sa base. Le toit conique se compose de 12 arêtiers qui convergent vers un point central. La seule entrée consiste en une porte double renforcée qui se trouve au niveau supérieur de la tour, dont les murs sont aussi percés de petites ouvertures à volets placées en retrait. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.

Valeur patrimoniale

La tour Cathcart est un édifice fédéral du patrimoine classé en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’elle présente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’elle occupe dans son milieu.

Valeur historique
La tour Cathcart est étroitement associée à la défense de l’Amérique du Nord britannique et du Canada au milieu du XIXe siècle. Elle compte parmi quatre tours Martello qui marquent la dernière étape de la construction des ouvrages défensifs de Kingston qui avait débuté avec la construction du fort Frontenac par les Français en 1673. La dernière étape de la construction a été précipitée par la crise de l’Oregon pendant laquelle un conflit entre la Grande-Bretagne et les États-Unis semblait imminent. La crise s’est réglée pendant la construction des tours de Kingston et il n’a donc pas été nécessaire de les doter de matériel de guerre avant 1861-1862, lorsque les relations anglo-américaines se sont détériorées pendant la Guerre de Sécession. La tour Cathcart est donc associée aux efforts déployés avant la Confédération pour affirmer la souveraineté contre l’expansion américaine.

Valeur architecturale
La valeur de la tour Cathcart découle de ses qualités esthétiques. Elle constitue un exemple d’une structure militaire défensive du XIXe siècle. Conçue pour résister aux bombardements tout en fournissant le couvert contre le feu nécessaire pour protéger le port, le bâtiment est massif et extrêmement stable. Élément clé du système des fortifications historiques de Kingston, la tour Cathcart s’avère être l’apogée du plan des tours Martello, avec son dispositif à caponnière de défense à flanc et son système d’abri contre les tirs qui comptaient alors parmi les techniques les plus perfectionnées du monde. L’excellente fonctionnalité de l’ouvrage se voit dans les murs épais de la tour tandis que l’intérieur doublé de brique minimise le risque d’explosion et d’incendie. Les murs en pierre calcaire lisse et la maçonnerie des caponnières témoignent de l’excellente qualité de l’exécution et des matériaux employés.

Valeur environnementale
La tour Cathcart renforce le caractère historique de Cedar Island. Élément visible des fortifications, on l’aperçoit du fort Henry et du large. La tour est un repère pour les gens de la région et les personnes qui visitent l’île.

Sources : Tour Martello Cathcart, île Cedar, parc national du Canada des Îles-du-Saint-Laurent (Ontario), Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine, rapport de recherche, rapport 93-034; Tour Martello Cathcart, parc national du Canada des Îles-du-Saint-Laurent (Ontario), Énoncé de la valeur patrimoniale 93-034.

Éléments caractéristiques

Les éléments qui définissent le caractère de la tour Cathcart devraient être respectés.

Ses qualités esthétiques supérieures, son excellente fonctionnalité et la très haute qualité de l’exécution et des matériaux, c’est-à-dire : la volumétrie géométrique simple de cette tour cylindrique avec quatre caponnières régulièrement espacées autour de sa base et son toit conique bas qui abrite le parapet et la plate-forme de tir; les murs extérieurs massifs, lisses et escarpés construits en blocs de calcaire serrés, l’âme de moellons revêtue de brique à l’intérieur et les voûtes du plafond en maçonnerie rayonnant du pilier central aux murs extérieurs; les petites ouvertures et l’entrée au deuxième niveau, où se trouvaient la caserne et les embrasures où étaient postées les caronades nécessaires à la défense; la poudrière ventilée, située dans une chambre souterraine bien ventilée et doublée de brique; les portes intérieures pleines en métal pourvues de fentes de tir pour protéger les passages menant à la structure principale; la citerne placée dans la tour ainsi que la cuisine et les salles d’entreposage.

La façon dont la tour Cathcart renforce le caractère historique de Cedar Island et est un repère dans la région, c’est-à-dire : sa conception et les matériaux employés, qui rehaussent le cachet historique de Cedar Island; le fait qu’elle est visible des gens qui visitent l’île, des bateaux qui passent près de l’île et des visiteurs au fort Henry.

Énoncé de valeur patrimoniale

Avis de non-responsabilité - L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.

Située sur l’île Cedar, dans le parc national des Îles-du-Saint-Laurent, la Tour Martello de Cathcart a été construite de 1846 à 1848 et dotée de matériel de guerre de 1861 à 1862. L’édifice a été construit par les Royal Engineers, sous la direction de Sir Richard Bonnycastle. Le toit a été reconstruit par Parcs Canada. Les visiteurs de l’île Cedar peuvent voir l’extérieur de l’édifice. Parcs Canada est le gardien de cette tour, qui fait partie du Lieu historique national des Tours-Martello-de-Kingston. Consulter le rapport 93-034 du BEEFP.

Raisons de la désignation
La Tour Martello de Cathcart a été désignée «édifice classé» en raison de sa conception architecturale et technique, mais aussi de ses appartenances historiques et de son emplacement dans l’environnement.

Bien que pratiquement désuète au moment de son achèvement, la tour incarne le sommet du style des tours Martello. Son dispositif à caponnière de défense à flanc et son système d’abri contre les tirs témoignent de l’une des technologies les plus perfectionnées du monde. Le plan, caractéristique des tours Martello, repose plus sur les progrès du génie militaire, les conditions locales et la disponibilité du matériel que sur le style architectural et l’ornementation. Malgré tout, la Tour Cathcart fait partie de ces constructions fonctionnelles dont l’aspect esthétique reste agréable.

La Tour Cathcart est l’une des quatre tours Martello rattachées à la phase finale des constructions militaires érigées dans la région de Kingston, constructions dont l’ancêtre est le Fort Frontenac, établi par les Français en 1673. La phase finale des constructions fut précipitée par la crise d’Oregon et par la menace d’une guerre, qui semblait alors imminente, entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. La crise se dénoua alors que les tours de Kingston étaient encore en cours de construction, si bien qu’il ne fut plus utile de les doterde matériel de guerre, du moinsjusqu’à 1861-1 862, années au cours desquelles la Guerre de Sécession provoqua une nouvelle tension des relations anglo-américaines. En ce sens, la Tour Cathcart témoigne de cette période précédant la Confédération où une volonté de souveraineté s’est affirmée contre l’expansion américaine.

La Tour Martello de Cathcart est un élément important du système de fortifications historiques de Kingston. Le groupement qu’elle forme avec Fort Henry et avec les tours Martello de Shoal et de Fort Frederick n’a pas changé depuis sa construction. La tour est un élément discret, mais visible des fortifications. On peut l’apercevoir à partir de Fort Henry et les guides de bateaux d’excursion la mentionnent dans leurs commentaires. La plupart des visiteurs de l’île Cedar en feront l’une de leurs destinations.

Eléments caractéristiques
La valeur patrimoniale de la tour Martello de Cathcart réside dans ses caractéristiques fonctionnelles très avancées, dans la qualité de
son ouvrage et ses matériaux ainsi que dans la place qu’elle occupe dans son environnement.

La tour de Cathcart est une structure de maçonnerie à deux étages de forme à peu près cylindrique. Elle est revêtue de calcaire lisse. Présentant douze côtés à la base, elle devient circulaire à mesure qu’elle s’élève. Elle est flanquée de quatre caponnières d’espacement égal. Le toit, qui a été reconstruit, se compose de douze arêtiers qui convergent vers un point central. On trouve de petites fenêtres à volets enfoncées à mi-hauteur. La simplicité de l’ensemble, y compris le toit, constitue un élément caractéristique important et devrait à ce titre être conservée.

Le plan épouse la fonction de base de la tour, qui était de résister aux bombardements tout en fournissant le couvert contre le feu nécessaire à la protection du port. À l’exception du toit, toute la structure est faite de maçonnerie, ce qui confère à l’édifice un aspect massif et extrêmement stable. La muraille extérieure qui donne sur Fort Henry a une épaisseur d’environ huit pieds et celle qui donne sur le côté opposé une épaisseur de quatorze pieds. Lisses et abrupts, ces murs ne pouvaient absolument pas être escaladés. Les caponnières sont conçues de telle sorte que les assaillants qui les auraient franchies se seraient heurtés à de solides portes intérieures métalliques percées de meurtrières qui bloquaient le passage. Le parapet en maçonnerie situé à la hauteur du toit protégeait les canons lourds. Ces caractéristiques fonctionnelles sont essentielles à l’interprétation de la structure et devraient être maintenues.

À l’intérieur de l’édifice, les voûtes d’un plafond en maçonnerie rayonnent du pilier central aux murs extérieurs. La caserne intérieure, ou deuxième étage, est dotée d’embrasures où étaient postées les caronades nécessaires à la défense. Seule une porte double renforcée permet d’accéder à ce deuxième étage de la tour. L’intérieur est garni de brique afin de réduire les risques d’explosion. L’usage restreint de bois et de métal visait à empêcher la formation d’étincelles et la production de matériaux combustibles. À titre de précaution supplémentaire, la poudrière est installée dans un sous-sol revêtu de brique et bien aéré. La citerne, la cuisine et les installations d’entreposage que l’on trouve à l’intérieur de la tour devaient permettre à une garnison assiégée de s’approvisionner. Il importe de conserver les caractéristiques historiques de ces éléments tant internes qu’externes, dans la mesure où ils reflètent la théorie sous-jacente à la conception des tours Martello.

L’intérieur est fait d’une âme de moellons bruts revêtue d’une maçonnerie en brique. La qualité de l’ouvrage, qui a été réalisé avec un calcaire de la région de Kingston, est remarquable. L’ouvrage de pierre extérieur est bien conservé, mais la maçonnerie de brique et les moellons interstitiels des murs intérieurs posent un problème technique difficile en raison de l’humidité qui s’y accumule et qu’on peut difficilement enrayer. Il est recommandé d’instituer des mesures correctrices prudentes à partir d’études continues et dans le cadre de pratiques de conservation avisées. Il serait bénéfique de soumettre la tour à un entretien régulier, ce qui pourrait comprendre des travaux de rejointoiement à l’aide de mélanges de mortier et de joints adéquats.

Les éléments en bois comprennent le toit, certaines parties du plancher et les ouvertures à volets. Bien qu’il ait été reconstruit, le toit constitue un élément d’interprétation important et protège la tour contre les intempéries. L’usage du bois et de matériaux autres que la maçonnerie doit être le plus restreint possible afin de respecter le choix initial de matériaux non combustibles et de conserver l’aspect simple et austère de la tour.

Si l’on excepte les arbres qui ont poussé sur la plaine où se dressent la tour et la terrasse d’observation que l’on a rajoutée, le lieu est resté à peu près intact. Le talus et la contrescarpe, aménagés deux ans après la construction de la tour, constituent des éléments paysagers aux origines historiques importantes. Il est nécessaire de stabiliser les parties effritées de la contrescarpe. Dans le cadre des activités d’entretien actuelles, on tond l’herbe qui entoure l’édifice et on taille les arbres de manière qu’ils n’empiètent pas sur la contrescarpe. C’est une pratique que l’on devrait conserver, car elle contribue à maintenir l’équilibre des éléments du lieu et leur relation entre eux.

La Tour Cathcart est un élément clé du système de fortifications historiques de Kingston. L’ensemble qu’elle forme avec Fort Henry et avec la tour Shoal et celle de Fort Frederick n’a pas changé depuis sa construction. Le maintien des lignes de vue par rapport à Fort Henry et à la tour de Fort Frederick permettra à la tour de conserver la valeur qu’elle revêt comme composante du système de fortifications historiques. Dans la même optique, il est recommandé de conserver les lignes de vue par rapport à la tour Shoal pendant l’hiver et les saisons intermédiaires, lorsque le feuillage n’obstrue pas la vue. Tout aménagement susceptible de modifier la relation entre la Tour Cathcart et les autres fortifications ou de briser les lignes de vue stratégiques est déconseillé.