Manège militaire

Édifice fédéral du patrimoine reconnu

Montréal, Québec
Vue générale du manège militaire, 1993. (© Ministère de la Défense nationale / Department of National Defence, 1993.)
Vue générale
(© Ministère de la Défense nationale / Department of National Defence, 1993.)
Adresse : 2067, rue de Bleury, Montréal, Québec

Loi habilitante : La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation : 1994-08-25
Dates :
  • 1909 à 1909 (Construction)
  • 1950 à 1950 (Significative)

Autre nom(s):
  • Manège militaire Black Watch  (Autre nom)
Ministère gardien Défense nationale
Référence du rapport BEEFP 93-018
Numero RBIF : 07088 00

Description du lieu patrimonial

Le manège militaire, aussi connu sous le nom de manège militaire du Black Watch, occupe une place bien en vue dans le paysage urbain de Montréal. Ce manège militaire en brique de deux étages, dont la façade est revêtue d’un parement de pierre, évoque l’image d’un château avec ses tours crénelées, ses chaînes de fer et la large entrée basse, en arche, qui rappelle un portail. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.

Valeur patrimoniale

Le manège militaire est un édifice fédéral du patrimoine reconnu en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’il présente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’il occupe dans son milieu.

Valeur historique
Le manège militaire est étroitement associé à la réforme et à l’expansion de la milice canadienne. Il constitue un vestige important de l’histoire de l’architecture militaire au Canada. Sa construction, découlant de la réforme de la milice, a été amorcée dans les années 1890 par Frederick Borden, ministre de la Milice et de la Défense et a été poursuivie après 1911 par son successeur sir Sam Hughes. Créé en 1862 sous le nom de « 5th Battalion, Volunteer Militia Rifles of Canada », le Black Watch (Royal Highland Regiment) of Canada compte parmi les plus anciens régiments de la milice volontaire au Canada. Il s’est distingué au champ de bataille en Afrique du Sud (1899-1900), à la crête de Vimy, lors de la poursuite jusqu’à Mons, en France et dans les Flandres (1915-1918), ainsi qu’en Rhénanie et dans le nord-ouest de l’Europe (1944-1945).

Valeur architecturale
La valeur du manège militaire découle de ses belles qualités esthétiques et de sa conception fonctionnelle très efficace. La façade, revêtue d’un parement en pierre calcaire grise de Montréal, est réalisée dans le style néo-gothique. Le plan compact du bâtiment évoque le programme retenu pour les bâtiments de ce type construits par le gouvernement fédéral au tournant du XXe siècle. Les grands volumes intérieurs dégagés, enjambés par des fermes en acier articulées et apparentes, abritent la salle d’exercices, les salles de classes et des installations de loisirs, éléments considérés innovateurs à l’époque de la construction. La haute qualité de l’exécution est évidente dans son ensemble.

Valeur environnementale
Le manège militaire s’accorde avec le caractère actuel du paysage urbain où il est situé à Montréal. Le bâtiment est connu dans les environs.

Sources : Jacqueline Hucker, manège militaire du Black Watch, Montréal (Québec), Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine, rapport de recherche, 93-018; Manège militaire du Black Watch, Montréal (Québec), Énoncé de la valeur patrimoniale, 93-018.

Éléments caractéristiques

Les éléments qui définissent le caractère du manège militaire devraient être respectés.

Son plan normalisé, sa conception fonctionnelle très efficace et la qualité de l’exécution et des matériaux, c’est-à-dire : le plan compact, soit deux blocs de deux étages et une grande salle d’exercices coiffée d’un toit incliné; l’ouvrage de maçonnerie, notamment l’emploi de blocs en pierre calcaire tantôt lisse, tantôt bosselée, pour créer un contraste; le grand portail d’entrée en bois surmonté d’une imposte à petits carreaux et le traitement de style néo-gothique de la façade, y compris les ouvertes symétriques et les éléments décoratifs comme les tourelles crénelées, les chaînes de fer et les pilastres qui flanquent le portail; les détails architecturaux comme les armoiries du régiment, les meneaux et les bandeaux de pierre en relief; la rampe d’accès, les lignes nettes et fonctionnelles des murs de maçonnerie peinte et les planchers utilitaires qui illustrent bien les intérieurs militaires du tournant du siècle, ainsi que les éléments intérieurs comme le manteau de cheminée, les armoires en bois encastrées et les autres décorations et finis d’époque qui demeurent; le grand volume dégagé de la salle d’exercices avec ses fermes en acier apparentes.

La façon dont le manège militaire s’accorde avec le caractère actuel du paysage urbain où il est situé à Montréal et est un bâtiment connu dans les environs, c’est-à-dire : son échelle et la haute qualité de l’exécution et des matériaux, éléments qui s’harmonisent avec le paysage de rue et le mettent en valeur; la haute visibilité du bâtiment due à son échelle et à son emplacement bien en vue au coin de deux rues, qui en font un bâtiment connu dans la ville.

Énoncé de valeur patrimoniale

Avis de non-responsabilité - L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.

Le manège militaire du Black Watch du Royal Highland Regiment of Canada a été construit en 1909 par son régiment lui-même; on ignore l'identité de l'architecte. Sa façade a été partiellement reconstruite suite à un incendie survenu en 1950. Le bâtiment appartient au ministère de la Défense nationale et continue à remplir ses fonctions initiales. Voir le rapport 93-18 du BEEFP.

Raisons de la désignation

Le manège militaire du Black Watch a été désigné «reconnu» pour des raisons historiques, pour ses qualités de conception et d'exécution ainsi que pour l'intégrité de son implantation.

Créé en 1862 sous le nom de «5th Battalion, Volunteer Militia Rifles of Canada», le régiment Black Watch (Royal Highland Regiment) compte parmi les plus anciens régiments de milice volontaire au Canada. Ses principales victoires sont l'Afrique du Sud (1899-1900), la crête de Vimy et la poursuite jusqu' à Mons, la France et les Flandres (1915-1918), la Rhénanie et le nord-ouest de l'Europe (1944-45).

L'édifice lui-même représente une tranche importante de l'histoire de l'architecture militaire au Canada. Sa construction découle de la réforme de la milice entreprise dans les années 1890 par Frederick Borden, ministre de la Milice et de la Défense, et poursuivie après 1911 par son successeur Sir Sam Hughes.

Le programme de ce manège militaire comprenait des installations d'exercice, d'enseignement et de loisirs, éléments considérés comme novateurs à l'époque. Les fermes d'acier à deux charnières, laissées apparentes, étaient également signe de «modernité». Par sa façade néo-gothique en pierre et parce que son rapport avec l'environnement est demeuré le même, cet édifice rehausse la qualité architecturale de la rue Bleury.

Éléments caractéristiques

La valeur patrimoniale de ce manège militaire réside dans sa forme générale, dans le traitement décoratif de sa façade, dans le choix des matériaux et dans sa bonne intégration à l'environnement urbain, où il est situé.

Son plan compact exprime le programme développé par le gouvernement fédéral pour cette typologie, au tournant du siècle. Il s'agit d'une vaste salle d'exercice séparant deux blocs de deux étages qui abritent des espaces administratifs et utilitaires: le «bâtiment de tête», situé en façade, et un second bloc situé à l'arrière du gymnase. Il conviendrait de conserver l'intégrité de ces volumes qui expriment bien les fonctions du bâtiment.

Le choix du néo-gothique pour le traitement de la façade distingue ce manège et lui confère un air de demeure seigneuriale écossaise. L'utilisation de la pierre calcaire, tantôt lisse tantôt bosselée, ajoute texture et caractère à l'ensemble. Le souci de symétrie est évident dans la localisation des ouvertures, de même que dans celle des éléments décoratifs tels que tourelles crénelées, chaînes de fer et pilastres encadrant le portail. Il demeure important de respecter ce principe de composition. Advenant la nécessité de remplacer certaines pierres défectueuses, il faudrait veiller à choisir des éléments de texture et de nature identiques. Le rejointoiement devrait aussi se faire en respectant le style et la composition des anciens joints.

Un large portail de bois surmonté d'une imposte à petits carreaux permet aux troupes d'accéder au manège, depuis la rue Bleury. Sa préservation ainsi que celle de ses éléments de ferronnerie devrait être assurée par un bon programme d'entretien. Plusieurs détails architecturaux tels que l'écusson régimentaire, les meneaux et les bandeaux de pierre en relief ajoutent du style à cette façade. Advenant la nécessité de nettoyer la pierre, il faudrait utiliser une méthode douce afin d'éviter de les endommager.

Les autres volumes du manège reflètent bien l'aspect fonctionnel du bâtiment. La pente du toit, qui caractérise la partie centrale, laisse soupçonner la salle d'exercice; le bloc arrière reprend quant à lui le gabarit du «bâtiment de tête». Comme seules modulations de ces grandes surfaces de brique, on a inséré les fenêtres sous des arcs de brique légèrement cintrés.
La pierre du mur de fondation, à appareillage irrégulier, assure le lien avec celle de la façade. Ce choix de matériaux ainsi que les formes des ouvertures devraient être respectés. Si on devait remplacer certaines briques, il faudrait faire attention pour appareiller les nouvelles au parement existant et reproduire le même type de joint.


La rampe d'accès, les lignes nettes et fonctionnelles des murs de maçonnerie peinte et les planchers utilitaires illustrent bien les intérieurs militaires du tournant du siècle. Seul le mess des officiers, situé au deuxième étage du bloc arrière, peut s'enorgueillir de luxe décoratif. Il possède en effet un beau manteau de cheminée et des armoires intégrées en bois. Il faudrait conserver ces éléments de décor ancien et, dans la mesure du possible, préserver les finis d'époque. La salle d'exercice possède intactes ses fermes d'acier apparentes. Par respect pour le concepteur, elles devraient demeurer visibles et faire l'objet d'un entretien préventif.

La relation du manège du Black Watch avec la rue et les édifices voisins est demeurée pratiquement inchangé depuis sa construction, sauf en ce qui concerne le lot de stationnement situé du côté nord. Il semble important de restructurer l'environnement immédiat du manège en maintenant une certaine harmonie entre l'ancien et le nouveau. Tout projet d'insertion sur le lot vacant devrait être respectueux de la forme, des hauteurs, des matériaux et du rythme des ouvertures du bâtiment patrimonial.