Bâtiment no 10

Édifice fédéral du patrimoine classé

Québec, Québec
Vue de l’intérieur du bâtiment no 10, qui montre la maçonnerie simple des murs, les voûtes et les foyers revêtus de brique, 1991. © Department of Humanitarian Affairs / Département des affaires humanitaires, Rhona Godspeed, 1990.
Vue de l’intérieur
© Department of Humanitarian Affairs / Département des affaires humanitaires, Rhona Godspeed, 1990.
Vue de l’intérieur du bâtiment no 10, qui montre la maçonnerie simple des murs, les voûtes et les foyers revêtus de brique, 1991. © Department of Humanitarian Affairs / Département des affaires humanitaires, Rhona Godspeed, 1990.Façade nord-est du bâtiment no 10, qui montre le toit en croupe percé par trois cheminées en brique, et des fenêtres irrégulièrement disposées, 1980. © Department of National Defence / Ministère de la Défense nationale, 1980.Façade sud-ouest du bâtiment no 10, qui montre l'entrée principale, et la rampe d'accès, 1991. © Department of Humanitarian Affairs / Département des affaires humanitaires, Rhona Godspeed, 1990.
Adresse : Lieu historique national du Canada de la Citadelle-de-Québec, Québec, Québec

Loi habilitante : La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation : 1993-06-29
Dates :
  • 1842 à 1842 (Construction)

Événement, Personne, Organisation :
  • Lieutenant-Colonel John Oldfield  (Architecte)
Autre nom(s):
  • L'ancienne Prison militaire  (Autre nom)
  • Annexe du Musée  (Autre nom)
Ministère gardien Défense nationale
Référence du rapport BEEFP 90-312
Numero RBIF : 05749 00

Description du lieu patrimonial

Situé dans le lieu historique national du Canada de la Citadelle-de-Québec, dans les limites du bastion du Roi à côté de la résidence du gouverneur général, le bâtiment no 10, aussi connu sous les noms de l’ancienne Prison militaire ou l’annexe du Musée, est un bâtiment rectangulaire de deux étages, en pierre, coiffé d’un toit en croupe, percé par trois cheminées en brique. Le bâtiment suscite une impression de solidité. Le mur ouest, qui fait face à l’intérieur de la Citadelle, est austère, mais orné de pilastres. Des meurtrières percent les murs aux deux étages. Le bâtiment présente plusieurs fenêtres irrégulièrement disposées qui sont munies de barreaux. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.

Valeur patrimoniale

Le bâtiment no 10 est un édifice fédéral du patrimoine classé en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’il présente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’il occupe dans son milieu.

Valeur historique
Le bâtiment no 10 est l’un des plus beaux exemples d’un bâtiment associé aux activités de défense du Canada contre la menace militaire soutenue posée par les États-Unis au milieu du XIXe siècle. La construction originale, les retombées économiques qui en ont découlé et l’influx résultant de personnel ont eu une incidence profonde sur la ville de Québec.

Valeur architecturale
Le bâtiment no 10 est un bon exemple d’un bâtiment militaire, défensif et spécialise, faisant partie de la Citadelle de Québec. La fonction première du bâtiment no 10 était de servir de prison militaire, mais il devait aussi faire office de courtine en cas d’attaque. Ses caractéristiques spécialisées ainsi que les techniques de construction et les matériaux employés témoignent d’une conception fonctionnelle supérieure. Le bâtiment no 10 présente un travail et une exécution de très belle qualité, avec des espaces intérieurs solidement construits.

Valeur environnementale
En tant qu’élément du lieu historique national du Canada de la Citadelle-de-Québec, le bâtiment no 10 a conservé son cachet d’origine, en dépit des modifications qu’il a subies. Le bâtiment no 10 rehausse le caractère actuel de la Citadelle, à titre de site de défense côtière et de cadre militaire, et est bien connu des résidents de la Citadelle.

Sources : Rhona Goodspeed, Citadelle de Québec, Québec (Québec). Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine, rapport de recherche 90-312. Ancien hôpital (bâtiment 1), État-major du Royal 22e Régiment, La Citadelle, Québec. Énoncé de la valeur patrimoniale 90-312.

Éléments caractéristiques

Les éléments qui définissent le caractère du bâtiment no 10 devraient être respectés.

Sa conception militaire défensive fonctionnelle et la qualité des matériaux et de l’exécution, c’est-à-dire : la volumétrie simple à deux étages, agencée selon un plan rectangulaire; le toit en croupe percé par trois cheminées en brique; le mur ouest décoré de pilastres qui fait face à l’intérieur de la Citadelle et les meurtrières qui percent les murs aux deux étages; le mur est, simple et pratique, qui donne sur l’intérieur du bastion et est percé des fentes horizontales et des fenêtres irrégulièrement disposées; les impostes des portes, pour l’éclairage; les espaces intérieurs solidement construits, la maçonnerie simple des murs, les voûtes et les foyers revêtus de brique.

La façon dont le bâtiment no 10 rehausse le caractère militaire de la Citadelle de Québec.

Énoncé de valeur patrimoniale

Avis de non-responsabilité - L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.

L'ancienne Prison militaire a été construite en 1842 sous la supervision du lieutenant-colonel John Oldfield, comme l'indique la plaque apposée sur le bâtiment. Elle a été adaptée à ses nouvelles fonctions muséales en 1970 et loge actuellement des pièces liées à l'histoire du Royal 22e Régiment. L'ancienne Prison est située à l'intérieur des remparts, en travers de la gorge du Bastion du Roi. Ce bâtiment fait partie de la Citadelle de Québec, un lieu historique national. L'édifice est géré par Travaux publics et Services gouvernementaux Canada. Consulter le rapport 88-161 du BEEFP.

Raisons de la désignation

L'ancienne Prison militaire a été désignée «édifice classé» en raison de sa valeur historique, pour la qualité de sa conception fonctionnelle et de sa construction, ainsi que pour sa valeur environnementale.

Ce bâtiment militaire est directement associé à la défense de l'Amérique de Nord britannique pendant la période d'achèvement de la Citadelle (1839-1857); il est plus particulièrement associé à la première phase de cette période (1839-1842), marquée par les Rébellions de 1837. L'ancienne Prison était un élément d'appui essentiel dans le système de défense de la forteresse, car une de ses fonctions était de servir de courtine en cas d'attaque ennemie. Sa situation en travers de la gorge du Bastion du Roi permettait d'en bloquer l'accès, créant ainsi un réduit où les militaires pouvaient se retrancher.

La conception formelle de l'ancienne Prison exprime bien sa double fonction d'origine. Sa fonction carcérale se lit toujours dans l'aménagement intérieur : un long corridor donnant accès aux cellules qui ont été préservées. Le mur ouest percé de meurtrières sur les deux étages, les murs épais et les plafonds voûtés évoquent son rôle défensif. Le bâtiment no10 est en excellent état, preuve qu'il a été construit avec de bons matériaux et suivant des techniques de construction appropriées. Il a de plus été restauré avec soin.

Le bâtiment no10 compose avec la Redoute du Cap-aux-Diamants, l'ancienne Maison des pompes et les anciennes Latrines, un ensemble militaire qui supporte la valeur historique du Bastion du Roi. Par sa conception et ses matériaux, il s'harmonise bien avec les édifices voisins. En raison de sa valeur historique et de sa fonction présente, le bâtiment no 10 est bien connu des visiteurs et des résidants.

Éléments caractéristiques

La valeur patrimoniale de l'ancienne Prison repose sur sa conception formelle et sur tous les éléments qui expriment sa double fonction d'origine. Elle repose également sur son emplacement, qui est intimement relié à son rôle de courtine, ainsi que sur sa relation avec les autres bâtiments du Bastion du Roi.

L'ancienne Prison militaire est un long bâtiment de deux étages, construit sur un plan rectangulaire et coiffé d'un toit en croupe recouvert de métal peint à «joints pincés». Les murs de maçonnerie sont massifs et la pierre calcaire est posée à assises régulières; les souches de cheminée, qui percent le toit, sont en briques.

Toutes les élévations sont différentes. Le mur ouest, celui qui fait face à l'intérieur de la Citadelle, est quelque peu austère avec ses deux rangées de meurtrières qui évoquent sa fonction défensive. D'ailleurs, ce mur est plus épais que son vis-à-vis pour mieux résister aux tirs ennemis (quatre pieds d'épaisseur contre deux pieds pour le mur opposé). Des pilastres, éléments de décor rares pour un bâtiment militaire de ce type, expriment la structure intérieure (ils sont dans le prolongement des voûtes). L'élévation opposée, celle qui fait face au bastion, est percée de plusieurs petites fenêtres horizontales qui fournissaient l'éclairage aux cellules, ainsi que de quelques fenêtres plus grandes munies de barreaux. Chaque élévation latérale comporte une porte surmontée d'une imposte en éventail. Le rare changement à ce concept d'origine est la rampe d'accès pour personnes handicapées construite devant l'entrée sud-ouest.

Il conviendrait de respecter le tissu historique de l'ancienne Prison; il est également recommandé d'éviter de percer de nouvelles ouvertures ou d'endommager les matériaux existants par des interventions irréversibles. Afin de préserver la maçonnerie, il faudrait traiter les éléments métalliques contre la corrosion. Un entretien continu des joints est recommandé, ainsi que le remplacement des pierres endommagées par des éléments de maçonnerie en tous points semblables aux anciens (type, taille, couleur et appareil). Le modèle de la toiture, des fenêtres et des portes (les actuelles imitent d'anciennes portes cloutées), devrait être fidèle à l'esprit d'origine de manière à préserver le caractère architectural du bâtiment. Les grilles de protection auraient avantage à être les mêmes partout et à être un modèle sobre afin de respecter l'austérité du lieu. L'installation d'appareils mécaniques modernes devrait se faire sans endommager les matériaux historiques (dans la mesure du possible, en utilisant les ouvertures existantes).

L'organisation spatiale de l'ancienne Prison - un corridor placé sur le côté pour permettre de tirer par les meurtrières - n'a pas été affectée par le changement de vocation de l'édifice. L'intérieur se caractérise par ses espaces compartimentés, ses plafonds voûtés, sa maçonnerie apparente et ses foyers, ainsi que par plusieurs éléments de ferronnerie reliés à la vocation carcérale de l'édifice. Les aménagements reliés à la nouvelle vocation muséale du lieu devraient respecter ces caractéristiques architecturales. Il serait bon de préserver les anciennes divisions ainsi que le schéma de circulation horizontale et verticale qui donnent à l'édifice tout son sens. Il serait préférable d'utiliser la capacité d'accueil du bâtiment plutôt que de le modifier de façon irréversible (par exemple, en perçant des trous ou des niches pour installer des exhibits ou des appareils mécaniques). Enfin, les éléments de ferronnerie devraient être traités contre la corrosion et maintenus en place; ils contribuent à la valeur patrimoniale de l'ancienne Prison.

Il serait important de respecter l'intégrité de l'environnement du bâtiment no 10 en évitant de nouvelles constructions dans le périmètre immédiat. Il faudrait aussi éviter d'introduire des aménagements paysagers ou des éléments de mobilier extérieur qui viendraient obscurcir la lecture de la fonction défensive de l'ancienne Prison (arbres devant les meurtrières, par exemple).