Bâtiment 100

Édifice fédéral du patrimoine classé

Grosse-Île, Québec
Vue en angle du bâtiment 100, qui montre les quatre grandes lucarnes pratiquées dans la pente sud du toit. © Agence Parcs Canada / Parks Canada Agency
Vue en angle
© Agence Parcs Canada / Parks Canada Agency
Vue en angle du bâtiment 100, qui montre les quatre grandes lucarnes pratiquées dans la pente sud du toit. © Agence Parcs Canada / Parks Canada AgencyVue du bâtiment 100, qui montre le volume rectangulaire très long, coiffé d’un toit à deux versants. © Agence Parcs Canada / Parks Canada Agency
Adresse : Lieu historique national du Canada de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais, Grosse-Île, Québec

Loi habilitante : La Politique du Conseil du Trésor sur la gestion des biens immobiliers
Date de désignation : 1991-10-02
Dates :
  • 1847 à 1847 (Construction)

Événement, Personne, Organisation :
  • Cadre du ministère des Travaux publics  (Architecte)
Autre nom(s):
  • Lazaret  (Autre nom)
  •   (Autre nom)
Ministère gardien Parcs Canada
Référence du rapport BEEFP 90-031
Numero RBIF : 56522 00

Description du lieu patrimonial

Situé dans le secteur est de Grosse-Île, le bâtiment 100, aussi connu sous le nom du lazaret, fait face au fleuve Saint-Laurent. Ce long bâtiment bas en bois est coiffé d’un toit à deux versants percé de grandes lucarnes. De nombreuses fenêtres à carreaux multiples, régulièrement espacées, et une porte principale percent la façade. L’ornementation est restreinte et comprend le parement extérieur en planches à clins. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.

Valeur patrimoniale

Le bâtiment 100 est un édifice fédéral du patrimoine classé en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’il présente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’il occupe dans son milieu.

Valeur historique
Le bâtiment 100 est l’un des meilleurs exemples d’un bâtiment associé aux thèmes de l’immigration et de la quarantaine au Canada. À partir de 1832, Grosse-Île devient le poste de quarantaine du port de Québec. Le bâtiment no 100 est le dernier bâtiment qui reste de cette période clé de l’histoire de l’île et il s’agit du plus ancien bâtiment encore en place desservant l’immigration. En 1847, l’épidémie de typhus qui sévit en Europe menace de se répandre en Amérique du Nord. Le bâtiment 100 figure parmi de nombreux hôpitaux et bâtiments construits pour loger et soigner les nouveaux immigrants. Peu après sa construction, le bâtiment no 100 a été transformé en hôpital, fonction qu’il a conservée jusqu’à la fermeture du poste de quarantaine en 1937. Le bâtiment 100 et le cimetière sont les seuls vestiges de cette période associée à la lutte contre les maladies contagieuses.

Valeur architecturale
La valeur du bâtiment 100 découle de sa conception bonne et simple. Son excellente fonctionnalité en dit long sur l’état des connaissances médicales et des techniques hospitalières à l’époque. Vu les bienfaits reconnus du grand air et de la lumière naturelle, le bâtiment est équipé de ventilateurs et de nombreuses fenêtres. Comme le bâtiment a dû être partiellement préfabriqué pour faciliter le déroulement de la construction, ces éléments ont été fabriqués à Québec puis installés sur place, à Grosse-Île. La haute qualité de l’exécution se voit notamment dans les assemblages de charpenterie bien exécutés.

Valeur environnementale
Le bâtiment 100 affirme le caractère historique actuel du poste d’immigration et de quarantaine du secteur est de Grosse-Île, où il demeure le principal édifice. Il constitue un repère local sur le fleuve Saint-Laurent, au sein de la communauté locale et auprès des visiteurs.

Sources :
Histoire et Archéologie, Bureau régional de Québec, Le Bâtiment (no 100), Grosse-île (Québec), Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine, rapport de recherche, rapport 93-031, (Partie 1 : 1832-1860); Le lazaret (no 100), Grosse-Île (Québec), Énoncé de la valeur patrimoniale 93-031.

Éléments caractéristiques

Les éléments qui définissent le caractère du bâtiment 100 devraient être respectés.

L’excellence de son esthétique, sa très bonne fonctionnalité et la très belle qualité de l’exécution, c’est-à-dire : le volume rectangulaire très long, coiffé d’un toit à deux versants; la construction en bois d’œuvre d’inspiration vernaculaire; les nombreuses ouvertures ainsi que les quatre grandes lucarnes pratiquées dans la pente sud du toit; la couverture en bardeaux du toit principal et du toit et des côtés des lucarnes; l’agencement régulier des fenêtres et des portes; les deux puits de ventilation qui passent à travers le grenier et qui sont reliés aux aérateurs faîtiers du toit; les persiennes dans les pignons, de part et d’autre de la porte d’entrée et dans les lucarnes pourvues de persiennes monobloc et de volets amovibles; la configuration ainsi que les éléments intérieurs, dont les lambris qui recouvrent les murs et les plafonds.

La façon dont le bâtiment 100 affirme le caractère historique du poste d’immigration et de quarantaine dans le secteur est de Grosse-Île, où il démarque la division des espaces de l’île et est un repère sur le fleuve Saint-Laurent, c’est-à-dire : son échelle, sa conception et les matériaux employés, qui s’harmonisent avec les autres bâtiments historiques de l’île; son emplacement près du rivage, qui en fait un repère local connu du personnel et des visiteurs.

Énoncé de valeur patrimoniale

Avis de non-responsabilité - L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.

Le lazaret, construit en 1847 pour servir d'édifice de détention pour immigrants, se rattache à la première grande période d'occupation de Grosse-Île. Son devis fut préparé par un officier du Ministère des Travaux publics. Peu de temps après sa construction, le lazaret fut transformé en hôpital et garda cette fonction jusqu'à la fermeture de la station de quarantaine en 1937. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, il fut utilisé comme poulailler. L'immeuble sert présentement d'entrepôt et il appartient à Agriculture Canada. Il devrait bientôt devenir la propriété du Service Canadien des Parcs.
Voir le rapport 90-31 (partie I: 1832-1 860) du BEEFP.

Raison de la désignation

Le lazaret a été désigné “classé” parce qu'il est associé à des thèmes importants de l'histoire canadienne, que sa conception fonctionnelle est excellente et qu'il définit une division spatiale de Grosse-Île.

À partir de 1832 Grosse-Île se transforme en station de quarantaine pour le port de Québec, qui représente la grande porte d'entrée du pays pour les immigrants venus d'Europe. Certains d'entre eux véhiculent les grandes épidémies qui s'abattent sur l'Amérique du Nord à cette époque, comme le choléra, et se voient donc forcés de séjourner sur l'île. En 1847, année de l'épidémie de typhus, plus de 90 000 immigrants arrivent à Québec et une affluence de malades se retrouve à Grosse-Île. Face à cette situation, bon nombre d'hôpitaux ou lazarets sont érigés dans la partie orientale de l'île. Le lazaret qui subsiste de cette étape cruciale dans l'évolution de l'île est le plus ancien bâtiment d'immigration encore existant.

La conception fonctionnelle du lazaret est révélatrice des connaissances médicales et des techniques d'hospitalisation de l'époque. L'insistance mise sur l'aération constante de l'édifice et les bienfaits de la lumière naturelle se traduit par la mise en place de ventilateurs et de nombreuses fenêtres. Ces composantes sont fabriquées à Québec et assemblées sur la Grosse-île puisque l'édifice doit être partiellement préfabriqué pour faciliter sa construction.

Aujourd'hui, on peut encore identifier la partie orientale de l'île comme étant le secteur des hôpitaux, essentiellement grâce à la présence du lazaret. Nul doute que ce long et ancien bâtiment constitue le fondement actuel du secteur.

Eléments caractéristiques

La valeur patrimoniale de cet édifice repose sur sa volumétrie générale, sur les composantes rattachées à son enveloppe qui témoignent de sa fonction d'hôpital, sur la qualité de sa construction et enfin sur son incidence sur le secteur est de l'île.

Par sa forme et par ses techniques d'exécution, le lazaret se rattache à l'architecture vernaculaire. Ses principales caractéristiques sont sa longueur imposante, rythmée par de nombreuses ouvertures, et la forme de son toit aggrémenté de larges lucarnes. Le plan rectangulaire de cet édifice ne présente aucun décroché et la façade principale, orientée vers le sud, fait face au fleuve.

À l'origine l'édifice comportait un certain nombre d'ouvertures, portes et fenêtres, sur ses façades nord et sud. Quelques transformations subséquentes ont changé cette configuration: du côté sud le nombre de fenêtres a été doublé et du côté nord des baies de fenêtre ont été murées et d'autres ouvertures ont été créées. Si l'édifice fait l'objet d'une restauration, il serait indiqué de réintégrer certaines de ces ouvertures reliées à sa fonction hospitalière.

La régularité des quatre lucarnes à pignon, toutes situées sur le versant sud du toit, contribue pour beaucoup à la valeur esthétique de l'édifice. L'utilisation du bardeau, autant pour la toiture et les jouées des lucarnes que pour le toit principal, représente un autre élément caractéristique de cette construction.

Plusieurs composantes témoignent toujours de la nécessité d'aérer constamment l'édifice qui servait d'hôpital. Deux puits de ventilation, passant à travers le grenier, sont reliés à des aérateurs faîtiers qui ponctuent la toiture. Des guichets de ventilation, situés de part et d'autre de la porte d'entrée, percent le parement dans sa partie supérieure. Jadis, à chaque guichet situé sur la façade sud en correspondait un autre aménagé sur la façade opposée. Les baies jumelées des lucarnes, avec leurs persiennes monobloc et des volets amovibles, servaient également à ventiler l'édifice. Tous ces éléments méritent d'être restaurés.

Le lazaret, malgré le fait qu'il fut d'abord conçu comme un abri, a relativement bien supporté l'épreuve du temps. La qualité de son exécution et des matériaux utilisés pour sa construction expliquent sans doute cette performance. Les assemblages de charpenterie semblent appropriés et efficaces. L'édifice présente malgré tout quelques faiblesses structurales au niveau de ses assises et de sa toiture. Des travaux de consolidation s'imposent afin de préserver cet édifice qui a été classé.

Après la fermeture de la station de quarantaine, l'intérieur de l'édifice a été modifié à quelques reprises afin d'accommoder différentes fonctions. Ces changements n'ont pas eu beaucoup d'impact sur le cloisonnement d'origine qui subsiste toujours. Des lambris recouvrent les murs et plafonds. Ils sont typiques de cette architecture vernaculaire et leur remise en état serait indiquée.

Une fois la campagne de construction de 1847 complétée, le secteur est de l'île comportait plusieurs hôpitaux et structures pour loger le personnel médical. Presque tous ces aménagements sont aujourd'hui disparus. Le lazaret et un cimetière sont les seuls témoins de cette époque rattachée à la lutte aux maladies contagieuses. Afin de mettre en valeur le lazaret il serait sans doute approprié de le dégager de la végétation touffue qui l'a envahi au fil du temps.