Description du lieu patrimonial

Le bâtiment 19, aussi appelé l’hôtel de troisième classe, se trouve dans le secteur ouest de Grosse-Île, au lieu historique national du Canada de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais, en bordure du fleuve Saint-Laurent. Il s’agit d’un bâtiment en béton de deux étages coiffé d’un toit à deux versants et pourvu d’une longue façade symétrique. Trois pignons en saillie et des contreforts accentuent la verticalité de l’édifice et contrebalancent l’alignement régulier des fenêtres. Des escaliers en métal sont fixés à l’extérieur du bâtiment. Les entrées principales se trouvent aux extrémités. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.

Valeur patrimoniale

Le bâtiment 19 est un édifice fédéral du patrimoine reconnu en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’il présente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’il occupe dans son milieu.

Valeur historique
Le bâtiment 19 est l’un des meilleurs exemples d’un bâtiment associé aux thèmes de l’immigration et de la quarantaine au Canada. Il est l’un des édifices qui servaient à loger les immigrants en bonne santé. La construction du bâtiment 19, qui se trouve dans le secteur ouest réservé aux gens en santé, évoque les améliorations importantes apportées au poste de quarantaine à cette époque et qui étaient le fait des pressions exercées par les grandes compagnies de navigation qui voulaient offrir aux passagers en santé des logements correspondant à leur catégorie de voyage. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le bâtiment a servi de quartier des officiers. Plus tard, il a été transformé en entrepôt à foin.

Valeur architecturale
La valeur architecturale du bâtiment 19 découle de sa belle conception esthétique. L’édifice est caractérisé par un classicisme dépouillé. Les lignes simples et nettes de la façade sont interrompues uniquement par les pignons en saillie et les contreforts. Le bâtiment est en béton, matériau qui était considéré comme d’avant-garde et moderne à l’époque. L’efficacité de l’aménagement paraît dans la planification soignée des pièces dont la distribution est inhabituelle dans la mesure où la cuisine et la salle à manger sont logées dans les extrémités de chaque étage alors que les sanitaires sont au centre, au milieu de la zone des chambres. La haute qualité de l’exécution se voit dans la construction en béton et les finitions intérieures, notamment l’escalier, les lambris et les boiseries.

Valeur environnementale
Le bâtiment 19 renforce le caractère historique actuel du cadre du poste d’immigration et de quarantaine dans le secteur ouest de l’île. Il s’agit d’un repère dans les environs.

Sources : Histoire et Archéologie, Bureau régional de Québec, Hôtel de troisième classe (no 19), Grosse-île (Québec), Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine rapport de recherche, rapport 93-031 (Partie IV : 1901-1920); Hôtel de troisième classe, bâtiment no 19, Grosse-Île (Québec), Énoncé de la valeur patrimoniale 93-031.

Éléments caractéristiques

Les éléments qui définissent le caractère du bâtiment 19 devraient être respectés.

Son esthétique supérieure, sa bonne fonctionnalité et la haute qualité de l’exécution, c’est-à-dire : la longue volumétrie rectangulaire sur deux étages et le toit à deux versants; la construction en béton, avec finition en crépi; l’austère façade principale avec ses trois pignons en saillie et ses contreforts; la disposition régulière des fenêtres à guillotine et des portes; les escaliers extérieurs en métal et les entrées principales placées aux extrémités du bâtiment et abritées par des auvents en bois; le plan intérieur, les finitions et la décoration, dont les planchers en bois, les lambris, les surfaces plâtrées, les boiseries, la quincaillerie, les escaliers et les dispositifs d’éclairage de l’époque.

La façon dont le bâtiment 19 renforce le caractère historique du poste d’immigration et de quarantaine de Grosse-Île et est un repère sur le fleuve Saint-Laurent, c’est-à-dire : son échelle, son design et les matériaux employés, qui s’harmonisent avec les bâtiments voisins connexes, y compris les hôtels de première et de deuxième classe, l’ancien lavoir, les voies qui y mènent et le bord de l’eau; son emplacement, à titre d’élément intégrant d’un ensemble de bâtiments du secteur ouest de l’île.

Énoncé de valeur patrimoniale

Avis de non-responsabilité - L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.

L'hôtel de troisième classe date de 1914. Ses plans ont sans doute été préparés par un architecte du ministère des Travaux publics. Durant la Seconde Guerre mondiale, cet édifice abrita le quartier des officiers. Il fut plus tard transformé en entrepôt à foin. Présentement, il est inoccupé. L'hôtel de troisième classe appartient à Parcs Canada. Voir le rapport 90-31 (partie IV: 1901-1920) du BEEFP.

Raisons de la désignation

L'hôtel de troisième classe de Grosse-Île a été désigné 'reconnu' parce qu'il constitue un très beau spécimen pour illustrer les thèmes de l'immigration et de la quarantaine au Canada. Ce long bâtiment de béton aux lignes épurées présente une bonne qualité d'exécution. Sa présence renforce le caractère actuel du secteur ouest de Grosse-Île.

Le boom économique du début du siècle provoque une affluence d'immigrants sans précédent dans l'histoire du Canada. La construction de l'hôtel de troisième classe témoigne de l'important réaménagement que connaît alors la station et découle des pressions des grandes compagnies de navigation qui veulent offrir aux passagers sains des logements correspondant à leur catégorie de voyage.

La façade de l'hôtel de troisième classe se caractérise par son classicisme dépouillé. Seuls les contre forts et les parties en saillie traduisent une certaine préoccupation esthétique. L'utilisation d'un matériau d'avant-garde comme le béton ainsi que la qualité d'exécution de ce bâtiment sont également dignes de mention.

L'environnement immédiat de l'hôtel de troisième classe a conservé son cachet d'antan, malgré la démolition de quelques bâtiments de service situés à proximité. Cet édifice fait partie intégrante d'un ensemble de constructions réservées à l'accueil des immigrants sains et renforce le caractère du cadre bâti de ce secteur de l'île.

Éléments caractéristiques

La valeur patrimoniale de l'hôtel de troisième classe repose sur sa forme générale, sur ses éléments de composition disposés de façon symétrique et sur son type de construction qui met en valeur un matériau moderne, le béton.

Si ce n'était des trois avant-corps en pignons qui rompent la monotonie de la longue façade, ainsi que des contreforts, la devanture de cet l'hôtel tout en béton serait bien monotone. L'alignement symétrique et répétitif des fenêtres à guillotine, sur les deux étages, accentue encore plus cet effet d'austérité. Il conviendrait toutefois de préserver ces éléments de composition qui reflètent la fonction du bâtiment: accueillir les immigrants logés en troisième classe lors de la traversée. L'emplacement des accès aux extrémités de l'édifice devrait également être respecté.

Dans cet édifice de béton, les fenêtres à guillotine dominent toute la composition. Il serait souhaitable de mettre sur pied un bon programme d'entretien afin d'assurer leur longévité. Il est recommandé de réparer les fenêtres défectueuses plutôt que de les changer; s'il fallait toutefois en remplacer une ou plusieurs, il faudrait en tout point respecter le style en place. Il en est de même des auvents de bois qui protègent les entrées. Enfin, il faudrait s'assurer de l'intégrité du crépi et faire appel à des spécialistes pour la restauration du béton ancien.

Des escaliers extérieurs en métal assuraient la sécurité des usagers en cas d'incendie. La mise aux normes de l'hôtel devrait permettre de conserver ceux-ci, au moins comme élément d'interprétation, tout en répondant aux normes de sécurité actuelles. L'intégration d'éléments mécaniques modernes devrait aussi se faire de façon respectueuse et discrète.

Le cloisonnage de cet édifice est très particulier en ce qu'il se traduit par la distribution suivante: une cuisine et une salle à manger occupent les extrémités de chaque étage, alors que les sanitaires sont situés au centre, au milieu de la zone des chambres. La modernité et la nouveauté dans les édifices d'hébergement apparait dans l'hôtel de troisième classe, tandis que l'hôtel de première classe, de 1912, reprenait les plans de l'ancien hôtel de 1893.

Les changements d'utilisation du bâtiment ont fait disparaître plusieurs cloisons d'origine et entraîné la modification de celles qui subsistent encore à l'étage. Il conviendrait de trouver un usage au bâtiment qui permette de conserver les anciennes divisions, les accès et les circulations. Les différentes phases historiques de l'édifice pourraient en même temps être mises en évidence.

Tous les éléments de finition anciens tels que planchers de bois, murs lambrissés, surfaces de plâtre, boiseries, quincaillerie et escaliers méritent d'être préservés. Les luminaires d'époque ajoutent au caractère d'antan et devraient demeurer en place.

Avec les autres hôtels de détention et l'ancien lavoir, l'hôtel de troisième classe forme un ensemble très significatif. Le site immédiat a conservé tout son cachet et il serait souhaitable que les travaux nécessaires à la mise en valeur de ce parc historique national maintiennent le caractère d'authenticité du lieu.