Gestion du dendroctone du pin ponderosa

graphique de programme sur le dendroctone du pin

L’Agence Parcs Canada est chargée de voir à ce que les écosystèmes demeurent dans l’état le plus naturel possible. Pour ce faire, elle doit non seulement protéger leurs composantes, comme les arbres, les espèces en voie de disparition et les cours d’eau, mais aussi préserver les processus qui les forment et les entretiennent. C’est ce qu’on appelle la gestion écosystémique. D’après la politique de Parcs Canada, les insectes et les maladies d’origine indigène sont des processus écologiques naturels qu’il faut laisser agir sans intervenir, dans la mesure du possible. Il faut toutefois tenir compte des préoccupations des propriétaires fonciers des alentours et, si des insectes ou une maladie menacent gravement les terres provinciales, il se peut que Parcs Canada doive intervenir.

 Photo illustrant un lac bordé de versants boisés de chaque côté. Un grand nombre des arbres de la forêt sont rouges. Arbres rouges tués par le dendroctone du pin ponderosa dans le parc national des Lacs-Waterton durant la flambée en 1980
© Parcs Canada

À la section 3.2.3 du document intitulé Principes directeurs et politiques de gestion de Parcs Canada, il est stipulé ce qui suit : « Les écosystèmes des parcs nationaux doivent être gérés de façon à nuire le moins possible aux processus naturels. Cependant, une gestion active peut être autorisée lorsque la structure ou la fonction des écosystèmes ont subi une détérioration grave et qu'une manipulation est souhaitable pour restaurer l'intégrité écologique. » La section 3.2.4 apporte la précision suivante : « À la condition de ne pas altérer les écosystèmes des parcs, la manipulation des phénomènes naturels comme les incendies, les flambées et les maladies peut être autorisée quand aucune autre solution raisonnable n’existe et lorsque la surveillance a révélé que sans intervention restreinte :

  • i) des effets désastreux pourraient affecter les terres avoisinantes; ou
  • ii) cela présenterait des risques pour des aménagements majeurs du parc, la santé ou la sécurité publique, ou
  • iii) il serait impossible d’atteindre les objectifs d’un plan de gestion de parc préconisant la conservation de certaines caractéristiques naturelles et de certaines ressources culturelles. »

L’humain a éliminé le feu du paysage pendant plus de 80 ans, ce qui a considérablement modifié les forêts et l’habitat faunique des parcs nationaux des Rocheuses et créé un milieu propice à la colonisation du dendroctone du pin ponderosa. La suppression du feu a aussi donné lieu à une accumulation de matières combustibles sur le sol forestier; ce sont là des conditions susceptibles de déclencher des feux échappés pouvant mettre en danger les collectivités des environs. De plus, les parcs nationaux des Rocheuses forment une barrière entre les forêts propices aux épidémies du dendroctone du pin de la Colombie-Britannique et les forêts commerciales de la province de l’Alberta. Les conditions qui justifient la manipulation et la gestion active des écosystèmes sont donc satisfaites dans les parcs nationaux des Rocheuses.

En vertu de l’article 3.2.5, Parcs Canada précise ce qui suit : « Lorsqu’une intervention est nécessaire, elle se fonde sur une recherche scientifique, utilise des techniques reproduisant autant que possible les processus naturels et est surveillée attentivement. » Dans les plans directeurs de tous les parcs nationaux des Rocheuses, l’un des buts fixés consiste à rétablir à 50 % le cycle de feu historique afin d’assurer la remise en état de l’écosystème. Comme le feu est le processus clé qui a été perturbé par les pratiques de gestion adoptées dans le passé, il est donc l’outil de gestion clé à utiliser pour rétablir l’intégrité écologique. Parmi les bienfaits que l’on retire de la résolution de ce problème d’ordre écologique notons la réduction du nombre de dendroctones du pin ponderosa et de l’habitat qui leur est favorable, la diversification de la forêt (ce qui la rend du coup plus apte à faire face aux épidémies d’insectes et aux maladies), l’amélioration des conditions de l’habitat faunique, la diminution de la menace posée par les feux échappés et l’accroissement possible de la biodiversité.

Une collaboration

Dans l’Ouest canadien, les flambées de dendroctones du pin ponderosa touchent des terres relevant de diverses administrations, chacune ayant leur propre mandat de gestion foncière à respecter. Parcs Canada travaille de concert avec les gouvernements provinciaux, le Service canadien des forêts et l’industrie forestière à l’échelon régional pour surveiller et gérer les épidémies de dendroctones du pin ponderosa. Par ses efforts, Parcs Canada vise à assurer la santé des forêts, à améliorer l’habitat faunique et à réduire le risque que ne se propagent des feux de forêt de grande envergure.

De quels outils se sert Parcs Canada pour gérer le dendroctone du pin ponderosa?

Parcs Canada et les propriétaires fonciers des environs unissent leurs efforts pour coordonner les mesures de gestion et arriver à un résultat qui est acceptable pour toutes les parties. Parcs Canada suit de près les résultats obtenus et en fait rapport. Parmi les mesures de gestion qui ont été prises dans les parcs nationaux figurent les suivantes :

  • Travaux de recherche,
  • Modélisation des risques de flambée et de la vulnérabilité face aux dendroctones du pin ponderosa,
  • Surveillance des populations,
  • Brûlages dirigés,
  • Élimination des arbres colonisés,
  • Piégeage aux phéromones.

Ces outils sont traités en profondeur plus bas.

Pour en savoir davantage au sujet de la recherche sur le dendroctone du pin ponderosa qui s'effectue dans les parcs nationaux, cliquez ici

Modélisation des risques des flambées et de la vulnérabilité face aux dendroctones du pin ponderosa

Parcs Canada se sert de modèles pour mieux comprendre les flambées qui se produisent et pour prévoir où de nouvelles flambées pourraient se déclarer. L’Agence a par exemple mis au point un « modèle d’insolation » pour relever les secteurs qui sont propices à l’éclosion d’une flambée de dendroctones du pin ponderosa. Ce modèle permet de prédire les endroits qui présentent des facteurs climatiques et physiques semblables qui ont prédisposé d’autres secteurs à une flambée.

Carte basée sur le modèle, indiquant les zones rouges où les prochaines flambées du dendroctone auront probablement lieu. Carte basée sur le modèle, indiquant les zones rouges où les prochaines flambées du dendroctone auront probablement lieu.
© Parcs Canada

Outre le modèle d’insolation, Parcs Canada a contribué à la mise au point d’autres modèles créés par les provinces de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, le Service canadien des forêts et la Forêt modèle des avants-monts.

Surveillance des populations

Parcs Canada surveille de vastes peuplements de pins mûrs afin de déterminer si des dendroctones du pin ponderosa y sont actifs et si leur population est en croissance ou en décroissance. L’Agence réalise pour ce faire deux types de recensements :

Recensements aériens

Le recensement aérien est la méthode la plus efficace pour déceler la présence de dendroctones du pin ponderosa sur une grande surface. Les vols effectués chaque année permettent de situer les arbres ternis et les arbres rougis qui ont été touchés l’année précédente.

Photo aérienne illustrant des îlots d'arbres rouges tués par des dendroctones du pin ponderosa près d'une rivière. Les arbres rouges ont été attaqués par le dendroctone dans le parc national Yoho.
© Parcs Canada

Recensements terrestres

Une fois que les arbres ternis ou les arbres rouges ont été localisés par recensement aérien, on envoie souvent une équipe sur le sol pour y confirmer la présence du dendroctone du pin ponderosa et pour évaluer la gravité du flambée.

Photo illustrant une galerie en forme de j, creusée dans l'écorce interne d'un pin. Une galerie en forme de j creusée par des dendroctones, relevée lors d'un recensement terrestre
© Parcs Canada

Parcs Canada collabore avec le Service canadien des forêts pour effectuer des relevés aériens et terrestres visant à détecter la présence des dendroctones du pin dans les parcs nationaux des Rocheuses. Pour en savoir plus et obtenir notamment des informations sur la télédétection, consultez cette page.

Apprendre Plus

Brûlages dirigés

Les parcs nationaux des Rocheuses procèdent à des brûlages dirigés pour gérer le dendroctone du pin ponderosa. Les parcs nationaux Yoho, Kootenay, Banff et Jasper se servent tous du feu pour stimuler la régénération des pinèdes mûres qui constituent un habitat favorable aux dendroctones, réduire les populations de dendroctones du pin ponderosa, remettre en état l’habitat faunique et atténuer la menace que présentent les feux échappés.

En quoi consiste un brûlage dirigé?

Les brûlages dirigés sont des feux prévus et allumés par Parcs Canada. Lorsqu’ils préparent un brûlage dirigé, les spécialistes du feu tiennent compte des conditions météorologiques, du type de végétation, du relief et du comportement du feu. Les règles qu’ils établissent pour chaque brûlage définissent le périmètre du feu, de même que les éléments naturels (tels que les roches et les plans d’eau) et les travaux d’aménagement (tels que les coupe-feu) qui contribueront à contenir le feu. Enfin, l’équipe fixe les conditions en vertu desquelles le brûlage dirigé pourra être effectué. Quand ces conditions sont réunies, l’équipe est prête à allumer le feu.

Les incendies créent une mosaïque de portions de forêt brûlées et non brûlées dans la vallée Bow, parc national Banff. Les incendies créent une mosaïque de portions de forêt brûlées et non brûlées dans la vallée Bow, parc national Banff.
© Parcs Canada

Élimination par abattage et brûlage des arbres colonisés

Parcs Canada a recours à des techniques de gestion à court terme pour ralentir la propagation des populations de dendroctones du pin ponderosa, notamment en abattant et brûlant les arbres touchés ou vulnérables dans les pinèdes mûres. Quand l’Agence abat les arbres colonisés et y met le feu, elle doit bien choisir l’endroit où appliquer cette technique (c’est-à-dire dans les secteurs où il convient de gagner du temps – et d’aménager des coupe-feu – pour pouvoir se servir du principal outil qu’est le feu, ou dans des secteurs où il est impossible de recourir au feu) et ne l’utilisera que là où il y a une chance d’arriver à bien gérer le taux de croissance d’une population de dendroctones du pin ponderosa.

Photo illustrant un travailleur qui abat au moyen d'une scie à chaîne un arbre colonisé par des dendroctones du pin ponderosa Parc national Jasper : des travailleurs abattent un arbre colonisé par des dendroctones du pin ponderosa
© Parcs Canada / Andy Roach

Photo illustrant un travailleur qui met le feu à un amas de billots Parc national Jasper : des travailleurs brûlent des arbres colonisés
© Parcs Canada / Andy Roach

Piégeage par phéromones

Le phéromone est une substance chimique que sécrètent les dendroctones du pin ponderosa pour communiquer entre eux; c'est ainsi qu'ils laissent savoir aux autres dendroctones à quel endroit trouver un partenaire et pondre leurs oeufs ou à quel moment un arbre est « plein » et qu'ils doivent en chercher un autre. Les pièges à phéromones contiennent des phéromones de synthèse pour attirer les dendroctones dans un secteur, ce qui facilite la surveillance de leurs déplacements, la gestion de leur population et le ralentissement de leur propagation. Les arbres pièges sont surveillés et, s'ils sont colonisés par des dendroctones, sont abattus et brûlés ou retirés.

Une piège à phéromone Une piège à phéromone
© Parcs Canada / Jane Park

Gérer le dendroctone du pin ponderosa dans le parc national Banff

L’Agence Parcs Canada sait fort bien que le dendroctone du pin ponderosa est une espèce endémique du parc national Banff et que l’éclosion de sa population est un processus naturel qu’elle doit laisser agir dans la mesure du possible. Toutefois, les préoccupations des propriétaires fonciers des environs, lesquels contribuent à la croissance économique par la coupe d’arbres sains, revêtent également une grande importance. À l’heure actuelle, les cols de faible altitude et les vallées de la région montagnarde qui prennent leur source à Banff pourraient favoriser, de par la présence d’arbres mûrs et de conditions climatiques favorables, la propagation de populations de dendroctones du pin ponderosa dans les forêts des avants-monts de l’Alberta. Où de vastes peuplements de pins tordus mûrs pourraient être touchés.

Afin de respecter le mandat de Parcs Canada tout en tenant compte de ces préoccupations, les responsables de Banff ont créé deux secteurs qui feront l’objet de stratégies différentes :

  1. Une zone de surveillance – où le brûlage dirigé est le seul outil utilisé pour limiter l’habitat du dendroctone du pin ponderosa, ce qui permettra d’éviter un accroissement important de la population de cet insecte.
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  2. Une zone de gestion – où des interventions plus directes ont lieu (brûlage dirigé, piégeage aux phéromones, abattage et élimination ou abattage et brûlage des arbres colonisés).
 Brûlage dirigé du chaînon Fairholme, parc national Banff, 2003.
© Parcs Canada

Interventions relatives au dendroctone du pin ponderosa - Parc national Banff

Le 6 mars 2008 - Au cours du prochain mois, des équipes de Parcs Canada vont couper et brûler des arbres colonisés par le dendroctone dans la partie inférieure de la vallée de la Bow. Les travaux seront exécutés sur le mont Tunnel et le long de la terrasse Fairholme, entre le lac Johnson et le ruisseau Girouard. Les visiteurs et les résidents pourront apercevoir un peu de fumée dans ces secteurs. Les travaux auront lieu avant la fin de mars.

Le dendroctone est un insecte naturel qu'on trouve dans les pinèdes de la partie sud des Rocheuses et dans les régions à l'ouest de la Ligne de partage des eaux. Les hivers récents assez doux et l'abondance de pinèdes surannées présentes en raison de la suppression des incendies durant plusieurs années sont la cause de la propagation sans précédent des populations du dendroctone vers le nord et vers l'est.

Les gouvernements provinciaux de l'Alberta et de la Colombie-Britannique, Parcs Canada, le Service canadien des forêts et l'industrie des forêts travaillent de concert pour surveiller et gérer les explosions du dendroctone en Alberta afin de protéger la santé des forêts, l'économie forestière, la viabilité des collectivités et les possibilités récréatives tout en améliorant les habitats fauniques et diminuant le risque de feux échappés.

Ceci est la cinquième saison où le parc national Banff lance des opérations de coupe et de brûlage d'arbres dans le but de gérer le dendroctone.

Le nombre d'arbres colonisés a été considérablement réduit ces dernières années par la coupe et le brûlage, l'élimination d'habitats de dendroctone au chaînon Fairholme et la mortalité du dendroctone durant l'hiver. On estime qu'à l'heure actuelle les populations du dendroctone demeurent stables, ce qui constitue un progrès considérable comparé à l'augmentation de leur nombre de cinq à sept fois qu'on a constaté sur le mont Norquay il y a sept ans. Parcs Canada continue à surveiller la situation et poursuit le travail de contrôle dans le but de réduire le risque de flambées ou de migrations vers les terres provinciales.

Personnes contact pour de plus amples renseignements : Brian Low 403.760.0934 ou Rob Osiowy 403.763.7119

 

 

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