Description du lieu patrimonial

L’édifice Victoria se dresse en plein centre d’Ottawa; il fait partie du paysage de la rue Wellington, du côté sud, directement en face de la colline du Parlement. Il s’agit d’un grand édifice de 10 étages de hauteur qui est définie par deux façades principales avec un parement en brique et en pierre. Les fenêtres ordinaires sont définies par des bandes de briquetage verticales qui soulignent la verticalité de la composition tripartite. La base de deux étages, à revêtement en pierre calcaire, constitue l’élément horizontal dominant tandis que les étages supérieurs se distinguent par un motif en bandes : il s’agit là des éléments décoratifs de la façade. La désignation se limite au tracé au sol du bâtiment.

Valeur patrimoniale

L’édifice Victoria est un édifice fédéral du patrimoine reconnu en raison de son importance historique, de l’intérêt qu’il présente sur le plan architectural et de la place privilégiée qu’il occupe dans son milieu.

Valeur historique
L’édifice Victoria est associé à la transition pour Ottawa, au début du XXe siècle, d’une économie basée sur le commerce du bois d’œuvre à une économie de plus en plus dépendante des activités gouvernementales. Construit par la Wellington Investments Company, l’édifice a été occupé par la Société Radio-Canada de 1938 à 1964. La coordination et la planification d’un réseau national de radiodiffusion et, plus tard, d’un réseau national de télévision, se sont faites dans cet édifice. En 1973, le bâtiment a été racheté par le gouvernement du Canada et il abrite maintenant des bureaux auxiliaires du Sénat et de la bibliothèque du Parlement. L’édifice Victoria a été un des premiers édifices en hauteur de la ville et sa présence imposante en face du Parlement a incité le gouvernement fédéral à jouer un rôle plus actif dans la planification urbaine locale et à imposer des restrictions sur la hauteur des bâtiments, par le biais de la Commission du district fédéral.

Valeur architecturale
La valeur de l’édifice Victoria découle de ses qualités esthétiques. Il constitue un exemple des premiers édifices en hauteur bâtis à Ottawa. Les façades sont caractérisées par la division tripartite (base, colonne et chapiteau) typique des anciens immeubles commerciaux de plusieurs étages. Les façades sobres et les formes linéaires expriment ouvertement les éléments structuraux du bâtiment par le traitement simplifié et répétitif de l’extérieur. La qualité de l’exécution et des matériaux employés est apparente dans ce bâtiment fonctionnel.

Valeur environnementale
L’édifice Victoria entretient un rapport inchangé avec son emplacement, s’harmonise avec le caractère urbain solennel actuel de la rue Wellington d’Ottawa, en face de la Cité parlementaire, et est un repère connu des gens qui travaillent et habitent dans le secteur, des piétons et des touristes.

Sources : Robert Hunter, Édifice Victoria, 140, rue Wellington, Ottawa (Ontario), Bureau d’examen des édifices fédéraux du patrimoine, rapport 87-031; Édifice Victoria, 140, rue Wellington, Ottawa (Ontario), Énoncé de la valeur patrimoniale 87-031.

Éléments caractéristiques

Les éléments suivants, qui définissent le caractère de l’édifice Victoria, devraient être respectés.

Ses belles qualités esthétiques, sa conception fonctionnelle et les matériaux et l’exécution de qualité, c’est-à-dire : sa volumétrie sur 10 étages et la division en trois parties des deux façades principales; la base de deux étages avec son revêtement en pierre calcaire et les formes verticales des colonnes qui courent entre les fenêtres régulièrement espacées; les bandes horizontales de pierre calcaire et de brique rouge au troisième étage, qui assurent la transition vers le revêtement de simple brique rouge du quatrième au dixième étage; l’étage supérieur, avec ses bandes et décorations en pierre qui imitent des créneaux et les petites tours d’angle à la hauteur du toit; les fenêtres régulièrement espacées, avec des éléments d’imposte tripartites au rez-de-chaussée et de simples châssis à deux vitres aux étages supérieurs; la base, qui est définie par un revêtement en pierre calcaire de deux étages avec des contreforts amincis marquant les piliers verticaux et une entrée ouvragée.
La façon dont l’édifice Victoria entretient un rapport inchangé avec son emplacement, s’harmonise avec le caractère historique du corridor de la rue Wellington dans le centre-ville d’Ottawa et est un repère connu dans la région, c’est-à-dire : son rapport soutenu avec la colline du Parlement et les édifices gouvernementaux voisins; son design et les matériaux employés, qui entretiennent un rapport visuel et physique avec les édifices gouvernementaux voisins et le paysage de la rue Wellington; sa hauteur dans le corridor de la rue Wellington à Ottawa, qui fait que le bâtiment est connu dans le quartier.

Énoncé de valeur patrimoniale

Avis de non-responsabilité - L'énoncé de valeur patrimoniale a été mis en place par le BEÉFP, afin de clarifier l'objet de la désignation d'un bâtiment fédéral du patrimoine et ce qui confère à l'édifice son importance patrimoniale. Il est donc un document de référence clé pour toute personne impliquée dans un projet d'intervention sur des édifices fédéraux du patrimoine et il est utilisé par le BEÉFP lors de ses examens d'intervention.

L'édifice Victoria a été construit en 1927-1928, selon des plans dressés par l'architecte d'Ottawa J. Albert Ewart. Il a été construit par un promoteur privé, Gordon Cameron Edwards, qui a mis sur pied la Wellington Investments Company dans le cadre de la diversification de ses intérêts dans les entreprises de bois d'oeuvre. Le principal locataire à long terme du bâtiment a été la Société Radio-Canada, qui a fait de l'immeuble son siège social national de 1938 à 1964. En 1973, l'édifice a été acheté par le gouvernement du Canada; il abrite maintenant des bureaux auxiliaires du Sénat et de la bibliothèque du Parlement. Le ministère gardien est Travaux publics Canada. Voir le rapport 87-31 du BEEFP.

Raisons de la désignation

L'édifice Victoria a été désigné « édifice reconnu » en raison de son rôle dans le développement local et de sa présence comme bâtiment relativement intact, situé dans un paysage urbain d'importance.

La construction de l'édifice s'inscrit dans la transition au début du XXe siècle à Ottawa, d'une économie dominée par le commerce du bois d''uvre vers une économie plus diversifiée et de plus en plus dépendante des activités gouvernementales. Les édifices à bureaux de plusieurs étages construits à la suite de cette transition ont changé le profil urbain d'Ottawa. L'édifice Victoria, en particulier, était tellement en évidence en face de la Colline du Parlement qu'il a incité le gouvernement fédéral à jouer un rôle plus actif dans la planification et le développement urbain, par l'intermédiaire de la Commission du district fédéral. Cette intervention devait éventuellement aboutir à des restrictions de hauteur particulières et des mesures de contrôle gouvernemental.

Dans le cas de l'édifice Victoria, la présence active du gouvernement s'est manifestée par l'occupation de cette propriété par la Société Radio-Canada. L'établissement d'un réseau national de radiodiffusion, puis ultérieurement d'un réseau national de télédiffusion a été planifié et coordonné dans ce bâtiment, sous la direction de Davidson Dunton, Alphonse Ouimet et autres.

L'extérieur du bâtiment, d'un intérêt architectural limité, n'a essentiellement pas changé depuis sa construction. Il continue d'assurer une présence importante le long de ce couloir très en vue qu'est la rue Wellington devant la Cité parlementaire.

Éléments caractéristiques

La valeur patrimoniale de l'édifice Victoria se définit par les deux façades principales donnant sur les rues Wellington et O'Connor.

Les façades sont caractérisées par la division tripartite (base, colonne et chapiteau) typique des anciens immeubles commerciaux de plusieurs étages. La base est constituée de deux étages avec revêtement en pierre calcaire et contreforts amincis marquant les piliers verticaux et une entrée ouvragée.

Les bandes horizontales de pierre calcaire et de brique rouge du troisième étage assurent une transition vers le revêtement de simple brique rouge du quatrième au dixième étage. Les étages supérieurs se distinguent par une reprise des bandes et des décorations en pierre calcaire, avec un accent placé sur les baies de coin. La fenestration est relativement simple, avec des impostes tripartites aux fenêtres du rez-de-chaussée, et de simples fenêtres à deux châssis aux étages supérieurs.

La forme extérieure, les matériaux et les détails d'ornementation de ces deux façades principales devraient être préservés grâce à un programme d'entretien préventif. Au moment de procéder à des réparations ou à des remplacements plus importants, on devrait tenir compte le plus possible des formes et des finitions initiales. Plutôt que de remplacer des éléments, on devrait privilégier les réparations pour assurer à long terme une grande intégrité des façades extérieures.